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Le blog de benjamin borghésio
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2 juillet 2015

Il y a trente-sept ans...

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1978_accident

Un homme politique faisait cette déclaration.

Il est des heures graves dans l’histoire d’un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les menaces qu’on lui cache.

L’Europe que nous attendions et désirions, dans laquelle pourrait s’épanouir une France digne et forte, cette Europe, nous savons depuis hier qu’on ne veut pas la faire.

Tout nous conduit à penser que, derrière le masque des mots et le jargon des technocrates, on prépare l’inféodation de la France, on consent à l’idée de son abaissement.

En ce qui nous concerne nous devons dire NON.

En clair, de quoi s’agit-il ? Les faits sont simples, même si certains ont cru gagner à les obscurcir.

L’élection prochaine de l’Assemblée européenne au suffrage universel direct ne saurait intervenir sans que le peuple français soit directement éclairé sur la portée de son vote. Elle constituera un piège si les électeurs sont induits à croire qu’ils vont simplement entériner quelques principes généraux, d’ailleurs à peu près incontestés quant à la nécessité de l’organisation européenne, alors que les suffrages ainsi captés vont servir à légitimer tout ensemble les débordements futurs et les carences actuelles, au préjudice des intérêts nationaux.

1. Le gouvernement français soutient que les attributions de l’Assemblée resteront fixées par le traité de Rome et ne seront pas modifiées en conséquence du nouveau mode d’élection. Mais la plupart de nos partenaires énoncent l’opinion opposée presque comme allant de soi et aucune assurance n’a été obtenue à l’encontre de l’offensive ainsi annoncée, tranquillement, à l’avance. Or le président de la République reconnaissait, à juste raison, dans une conférence de presse récente, qu’une Europe fédérale ne manquerait pas d’être dominée par les intérêts américains. C’est dire que les votes de majorité, au sein des institutions européennes, en paralysant la volonté de la France, ne serviront ni les intérêts français, bien entendu, ni les intérêts européens. En d’autres termes, les votes des 81 représentants français pèseront bien peu à l’encontre des 329 représentants de pays eux-mêmes excessivement sensibles aux influences d’outre-Atlantique.

Telle est bien la menace dont l’opinion publique doit être consciente. Cette menace n’est pas lointaine et théorique : elle est ouverte, certaine et proche. Comment nos gouvernants pourront-ils y résister demain s’ils n’ont pas été capables de la faire écarter dans les déclarations d’intention ?

2. L’approbation de la politique européenne du gouvernement supposerait que celle-ci fût clairement affirmée à l’égard des errements actuels de la Communauté économique européenne. Il est de fait que cette Communauté — en dehors d’une politique agricole commune, d’ailleurs menacée — tend à n’être, aujourd’hui, guère plus qu’une zone de libre-échange favorable peut-être aux intérêts étrangers les plus puissants, mais qui voue au démantèlement des pans entiers de notre industrie laissée sans protection contre des concurrences inégales, sauvages ou qui se gardent de nous accorder la réciprocité. On ne saurait demander aux Français de souscrire ainsi à leur asservissement économique, au marasme et au chômage. Dans la mesure où la politique économique propre au gouvernement français contribue pour sa part aux mêmes résultats, on ne saurait davantage lui obtenir l’approbation sous le couvert d’un vote relatif à l’Europe.

3. L’admission de l’Espagne et du Portugal dans la Communauté soulève, tant pour nos intérêts agricoles que pour le fonctionnement des institutions communes, de très sérieuses difficultés qui doivent être préalablement résolues, sous peine d’aggraver une situation déjà fort peu satisfaisante. Jusque-là, il serait d’une grande légèreté, pour en tirer quelque avantage politique plus ou moins illusoire, d’annoncer cette admission comme virtuellement acquise.

4. La politique européenne du gouvernement ne peut, en aucun cas, dispenser la France d’une politique étrangère qui lui soit propre. L’Europe ne peut servir à camoufler l’effacement d’une France qui n’aurait plus, sur le plan mondial, ni autorité, ni idée, ni message, ni visage. Nous récusons une politique étrangère qui cesse de répondre à la vocation d’une grande puissance, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et investie de ce fait de responsabilités particulières dans l’ordre international.

C’est pourquoi nous disons NON.
NON à la politique de la supranationalité.
NON à l’asservissement économique.
NON à l’effacement international de la France.

Favorables à l’organisation européenne, oui, nous le sommes pleinement. Nous voulons, autant que d’autres, que se fasse l’Europe. Mais une Europe européenne, où la France conduise son destin de grande nation. Nous disons non à une France vassale dans un empire de marchands, non à une France qui démissionne aujourd’hui pour s’effacer demain.

Puisqu’il s’agit de la France, de son indépendance et de l’avenir, puis qu’il s’agit de l’Europe, de sa cohésion et de sa volonté, nous ne transigerons pas. Nous lutterons de toutes nos forces pour qu’après tant de sacrifices, tant d’épreuves et tant d’exemples, notre génération ne signe pas, dans l’ignorance, le déclin de la patrie.

Comme toujours quand il s’agit de l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix paisible et rassurante. Français, ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui précède la paix de la mort.

Mais comme toujours quand il s’agit de l’honneur de la France, partout des hommes vont se lever pour combattre les partisans du renoncement et les auxiliaires de la décadence.

Avec gravité et résolution, je vous appelle dans un grand rassemblement de l’espérance, à un nouveau combat, celui pour la France de toujours et l’Europe de demain.

Jacques Chirac, appel dit de Cochin, 6 décembre 1978

****************

 

N-901-Foto1Faisons abstraction du fait que son auteur était le dirigeant d'un parti de droite dure, bonapartiste en diable, et concentrons-nous de manière exclusive sur le contenu du texte en faisant abstraction du tombereau d'injures qui couvrirent ceux qui, à gauche comme à droite et même nulle part, jugeaient que ce message très généraliste, qui n'attaquait nommément personne était plein de bon sens. (les mis en cause ne se sont démasqués que par leurs protestations). Le texte, rien que le texte.

Presque quarante ans plus tard, au vu de ce qu'est devenu "l'Europe" - concept vague et abstrait, qui fait vivre une technocratie active et une oligarchie supranationaliste au service de la finance spéculative, ainsi qu'idéal d'une certaine peste brune qui voit dans leur idée de la construction européenne le moyen de s'unir contre "la juiverie internationale"-, que trouvons-nous à retrancher à l'analyse?

Et encore, à l'époque la CEE, ancêtre de l'UE, soutenait la croissance, aidait les pays qui apprenaient la démocratie à la consolider en les sortant du sous-développement ; elle organisait leur intégration de manière très progressive pour ne léser ni leurs intérêts ni ceux des peuples déjà inclus dans la communauté. Bien entendu le fait qu'à droite comme "à gauche" on ait repris les choses en main et amené l'auteur de l'Appel de Cochin à soutenir l'approbation du Traité de Maastricht, puis la validation du TCE de 2005** est révélateur de la disproportion des forces en présence.

** ("Non" clair et net des Français malgré une propagande digne de Brejnev, sur lesquels PS, Verts comme UMP se sont assis au nom de leur conception totalitaire de la démocratie pour valider un Traité de Lisbonne, copie conforme de ce que le Peuple avait rejeté)

3-millions-des-greces-sous-le-seuil-de-pauvretc3a9Il n'empêche. Il ne faut pas désespérer et persister dans la lutte contre cette oligarchie asservie à la finance spéculative, qui se moque de la misère qu'elle suscite en Europe.

Mais sans jamais céder à la tendance lourde du moment qui est de s'associer aux partis de la haine, de la discrimination raciale, de l'antisémitisme, de l'islamophobie.

chev2Donc contre le FN bien entendu, mais aussi contre le groupuscule de Nicolas Dupont-Aignant - Debout la République -, copie propre sur elle du FN (la merde dans un bas de soie, comme disait Napoléon). Contre également les vitupérations d'un Guaino souverainiste d'un côté, inféodé à un Sarkozy atlantiste et vautré devant Merkel d'autre part. On ne peut que se lamenter à cet égard de la dérive de Chevènement, l'ancien Républicain impeccable, mis en minorité sur ces questions au sein de son propre parti (le MRC) sur cette question. La vieillesse est un naufrage, et sans doute la diabolisation, les fatwas lancées par les "socialistes" après la déroute de Jospin ont-ellles joué leur rôle dans sa radicalisation sénile.

Le patriotisme est une valeur ; le nationalisme est une perversion. C'est cette vérité élémentaire qui doit guider nos choix.

benjamin borghésio

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  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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