Evasion fiscale au Portugal (suite) - L'indifférence des autorités

Le sujet a été traité sur ce blog, avec la création de ce statut de "résidente não habitual" créé par le Portugal, qui permettra s'il est confirmé à des retraités européens aisés de ne pas payer leurs impôts sur le revenu au moment même où le peuple portugais est pressuré comme jamais par son gouvernement et la troïka mandatée par l'UE.

Voir le Portugal en faillite deviendra-t-il un "grand Monaco" fiscal, à notre détriment (lien)

Par courriers électroniques, j'ai tenté d'alerter les ministères concernés (Bercy: économie, budget), des parlementaires de tous bords, la présidence de la République. A ce jour je n'ai reçu qu'une réponse un tant soi peu personnalisée, émanant de Gilles Carrez, Président de la commission des finances à l'Assemblée nationale (mais sans formulation précise de ce qu'il conviendrait de faire: juste l'indication que ce courriel serait transmis à une commission ad hoc)

La Présidence de la République, après mûre réflexion, s'est contentée de m'envoyer cette non réponse du chef de Cabinet, Isabelle Sima qui ne fait même pas allusion au sujet:

Paris, le 3 mars 2014
Monsieur,
Le Président de la République a bien reçu le courrier que vous avez souhaité lui adresser et m’a confié le soin de vous répondre.
Soyez certain que votre démarche et vos réflexions ont fait l'objet de la meilleure attention.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée.

Référence à rappeler
PDR/XXXXXXXXXXXXX

Il est évident que je n'attendais pas un long développement... Mais quand on alerte les autorités sur un phénomène qui peut coûter des dizaines - voire des centaines - de millions d'euros à la France et alors qu'on amuse l'opinion avec une supposée traque de tous les instants contre la fraude et l'évasion fiscales, on peut s'attendre à ce que la Présidence de la République fasse un peu plus que le strict minimum, déclare par exemple avoir transmis l'affaire aux services concernés et annonce  une réponse plus développée dans les semaines à venir. Il n'en est rien

On en conclura que le Président "normal" se comporte de façon technocratiquement normale: le citoyen impliqué en politique est cordialement invité à laisser les gens sérieux s'occuper de choses sérieuses. C'est, en des termes plus châtiés, ce que j'ai répondu aujourd'hui à l'Elysée:

Rappel référence précédent courrier
PDR/XXXXXXXXXX

Monsieur le Président,

En tant que citoyen contribuable responsable, j'ai tenté d'alerter diverses autorités: présidence de la République, ministères concernés, parlementaires, sur un mécanisme massif d'évasion fiscale parfaitement légal si rien n'est fait pour changer la législation.
Je me suis heurté partout à l'indifférence, à peine polie venant de l'Elysée (une réponse standard ne faisant même pas concrètement référence au statut de résident non habituel au Portugal que j'ai signalé).
Je suis en conséquence obligé de constater qu'au delà des discours, l'évasion fiscale est un non sujet, que ce soit sur le plan pratique (les centaines de millions évaporés que l'on compensera sans doute par diverses taxes supplémentaires) ou sur le simple de la morale. Me voilà convaincu, suffisamment pour que je fasse part à mon entourage de cette indifférence. 

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes sentiments républicains

Je ne suis évidemment pas naïf au point d'imaginer que le Président dont l'emploi du temps est éminemment chargé se penchera en personne sur la masse considérable de courrier qu'il reçoit au quotidien. Toutefois, pour avoir écrit à François Mitterrand et Jacques Chirac avant de m'adresser au titulaire actuel de la fonction, c'est la première fois que je reçois de la part des services de l'Elysée une réponse si méprisante dans sa banalité. 

benjamin borghésio