La démagogie de Paul Giaccobi qui souhaite renforcer le népotisme insulaire.
Afin de lutter contre la spéculation foncière qui, on le sait en Corse, peut être liée à des pratiques mafieuses, le président du Conseil exécutif de Corse propose que la vente des terrains à des non-résidents soit juridiquement encadrée.
"Si on peut acheter un terrain en Corse aussi aisément qu’une tablette de chocolat sur le rayon d’un supermarché, on court à la catastrophe. Il faut donc limiter l’accès à la propriété foncière pour les non-résidents. Je sais que ça pose un problème de droit européen, mais les trois années de travail consacrées à l’élaboration du Padduc confirment le caractère indispensable d’une telle mesure (...) On pourrait fixer, pourquoi pas, le délai à cinq ans de résidence ou se fonder sur l’attachement familial à la Corse afin de ne pas pénaliser les Corses de l’extérieur. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que le droit d’établissement et celui de libre circulation s’en trouvent altérés."
Corse Matin.
Giacobbi a également rappelé ce jeudi sur diverses radios qu'il souhaitait voir la Constitution révisée afin notamment de mieux contrôler les ventes de terrains et de biens immobiliers. Il répond ainsi aux nationalistes qui souhaitent de profondes réformes pour enrayer une spéculation faisant souvent les beaux jours des organisations de type mafieux. «On ne peut plus admettre, sinon à souhaiter la spéculation et toutes les dérives qui l'accompagnent, que la terre de Corse continue à être totalement libre d'acquisition», affirme-t-il.
Lors de ses traditionnelles «Journées internationales» organisées dimanche à Corte (Haute-Corse), le parti nationaliste Corsica Libera avait rappelé l'urgence d'instaurer un statut de résident ayant déjà passé dix ans de manière permanente dans l'île pour accéder à la propriété. Selon Giacobbi, ce délai pourrait même être fixé «à cinq ans de résidence ou se fonder sur l'attachement familial à la Corse afin de ne pas pénaliser les Corses de l'extérieur».
Evoquant enfin les nécessaires adaptations constitutionnelles à l'adoption de telles mesures, Giacobbi a rappelé qu'«il n'est pas une île française qui n'ait sa place ou son régime particulier dans la Constitution». Des débats sont prévus en septembre à l'Assemblée de Corse sur la question foncière et le statut de résident dans l'île.
Ses propositions n'ont aucune chance d'être agréées, d'abord parce qu'elles sont anticonstitutionnelles, ensuite parce qu'elles bafouent les règles de l'Union européenne. Mais elles sèment le venin de la division et de la haine de l'autre.
Autre question à soulever. Chacun sait que la plupart des tueries qui ensanglantent l'île avec quasiment un mort par semaine exécuté de façon barbare ont justement pour origine ce contrôle de l'immobilier par des mafias. Dès lors, ajouter un critère "local" à l'attribution du foncier ne fera que renforcer le poids de ces mafias qui corrompent les décideurs locaux, ou les "persuadent" par la peur d'agir en leur faveur.
Hubert Souillard, ancien adjoint au maire de Maisons-Laffitte (Yvelines), actuellement en résidence à Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), a déposé cette plainte auprès du procureur de la République de Grasse quelques jours après les déclarations, début août, du député de Haute-Corse. "Il s'agit d'une discrimination pure et simple, d'une forme de racisme anti-non Corse", affirme M. Souillard dans le document dont l'AFP a obtenu copie.
"Qu'entendrait-on si, par exemple, M. Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, déclarait vouloir interdire aux non-franciliens d'acheter du foncier ou de l'immobilier en région, sous prétexte que la crise du logement y est très sévère, et certainement davantage qu'en Corse ?", relève ce "citoyen français, sans ascendance corse, résidant sur le 'continent' et sans aucun intérêt en Corse". Contacté, le parquet de Grasse n'était pas en mesure samedi de confirmer le dépôt de cette plainte.
benjamin borghésio