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Le blog de benjamin borghésio
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28 juin 2013

Armstrong continue de chercher à nuire...

Avec ses déclarations, à la veille du Tour de France

Lance Armstrong : "Impossible de gagner le Tour de France sans dopage"

Corrigeons. Pour un coureur comme Armstrong qui, avant son cancer, avait le profil des gagnants de courses d'un jour, oui ce n'est sans doute pas possible.

6000616-armstrong-impossible-de-gagner-le-tour-de-france-sans-dopageL’ancien champion américain déchu, Lance Armstrong, relance la polémique sur le dopage et jette un pavé dans la mare à la veille du départ du 100e Tour de France, dans un entretien au Monde, vendredi 28 juin. "C’est impossible de gagner le Tour de France sans dopage", lance le septuple vainqueur de la grande boucle, lui-même éclaboussé par un scandale de dopage. "C'est bien d’effacer mon nom du palmarès, mais le Tour a bien eu lieu entre 1999 et 2005, n'est-ce pas ? Il doit donc y avoir un vainqueur. Qui est-il ? Personne ne s'est manifesté pour réclamer mes maillots", ironise le cycliste.

Laurent-Jalabert-930x620_scalewidth_630Et d’enfoncer le clou après les récentes déclarations de Laurent Jalabert qui reconnaît avoir pu être dopé lors du Tour 1998 tout en affirmant ne jamais l’avoir su, une question de "confiance" : "Ah, Jaja, avec tout le respect que je lui dois, il est en train de mentir. Il aurait mieux fait d’éviter de parler de Ferrari et de Citroën (devant la commission sénatoriale sur le dopage, ndlr) car il sait très bien que Michel (Ferrari, ndlr) était le médecin de la ONCE au milieu des années 1990."

Lance Armstrong évoque ensuite un système de dopage généralisé et largement banalisé dans le cyclisme. "Je n'ai pas inventé le dopage, désolé Travis [Tygart, le directeur de l'Usada]. Et il ne s'est pas non plus arrêté avec moi. J'ai simplement participé à ce système."

3438094_3_f1eb_lance-arsmtrong-le-21-juillet-2004-lors-du_4df643d9d52e5080de5d3e73dcebf238"Je n'ai jamais eu peur des contrôles antidopage. Notre système était assez basique et sans risque. J'avais beaucoup plus peur de la douane et de la police."

Le coureur exprime pourtant des regrets : "Je ne parviendrai jamais à réparer tout ça, mais je passerai ma vie à essayer. J'ai été trop dur avec les gens. Se battre sur son vélo, c'est parfait. Se battre en dehors, ça ne l'est pas. Je n'ai pas pu, je n'ai pas su séparer les deux." (NouvelObs.com)

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Rappelons simplement que le comportement actuel d'Armstrong ne vise qu'à éviter le passage dans la case prison pour faux témoignage (on rigole beaucoup moins aux USA qu'en France, avec cela, et le Texan a menti sous serment). D'où ses mots d'apaisement envers les rares personnalités qui osèrent se mettre au travers de son chemin, comme Greg Lemond qu'il tenta de ruiner.

56_17_bahamontes_ockers_walkoPour le reste, si, on peut gagner le Tour de France sans se doper... Mais évidemment pas en grimpant des cols au sprint tout en étant le meilleur rouleur du peloton, et en terminant chaque étape frais comme un gardon. Il fut un temps (le dopage existait déjà, il existe depuis que le sport est né, pas seulement le cyclisme) où les "Rois de la montagne" comme Bahamontes, Norono, arrivaient dans les Alpes ou les Pyrénées avec un tel retard accumulé sur les étapes de ligne, qu'ils ne représentaient plus un danger sérieux pour le classement général. Où des grands rouleurs comme Anquetil, malgré ses tisanes de l'époque (que chacun prenait) se fixait un objectif en montagne: limiter les dégats avec pour cela toute une équipe à son service exclusif, comptant sur les Contre la Montre et une ou deux étapes en ligne où il montait une bordure pour faire la différence.

La différence entre les champions d'hier (dont certains prenaient des amphétamines qui ne leur apportaient aucune force supplémentaire: elles les aidaient juste à moins souffrir et à moins ressentir la fatigue**) et les extra-terrestres dopés à l'EPO, à l'Aicar, aux auto-transfusions, c'est qu'ils connaissaient tous des moments de défaillance, parfois terribles: le vainqueur du Tour était celui qui les avait le mieux géré. Les dopés des dernières années terminent chaque étape frais comme des gardons, quel que soient le profil de celles-ci.

881112-14809117-640-360Sur les vingt dernières années, des vainqueurs façon Armstrong, il y en a deux ou trois... Non seulement ils gagnent, mais ils imposent leur loi quotidienne sur le peloton, empêchant quiconque de glaner des miettes si le sujet ou son équipe ont déplu. Comportement mafieux dont fut victime entre autres Christophe Bassons.

33630_uciNotons aussi l'impunité dont jouissent les dirigeants de l'UCI, coupables a minima de graves négligences dans le rôle principal qui était le leur - s'assurer que chacun devrait rendre des comptes sans passe-droit - or on sait désormais qu'Armstrong, en relation indirecte d'affaires avec certains de ses dirigeants n'en manqua pas. Il  semble que malgré la réprobation générale, ces dirigeants seront sans doute reconduits dans leurs fonctions!

** Voir un trophée Barrachi, épreuve absolument terrifiante qu'Anquetil a voulu courir sans amphétamine. Il l'a dit beaucoup plus tard: "j'avais autant de forces, je l'ai gagné quand même mais bon sang, qu'est ce que j'ai souffert!"

Les Tours d'il y a cinquante ans comptaient 1.000 km de plus que de nos jours avec davantage de cols. Les coureurs étaient infiniment moins assistés et préparés (pensons à ces absurdes ravitaillements, y compris en eau fraîche, interdits en dehors de quelques points fixés par avance, à ces "légendes" qui faisaient dire qu'il ne fallait pas trop boire pour gagner, etc.). Ils se couraient à 33 ou 34 km-h. Avec la même dose d'efforts, compte tenu des énormes progrès en mécanique (rigidité des cadres, vitesses indexées, poids des vélos, etc), à la manière dont roule un peloton qui exploite infiniment plus qu'avant les ressources du vent et de l'aspiration, on arriverait sans doute à 41 km-h une année où il y aurait peu de montagne, peu de vent, où les étapes de plat ne "traîneraient" pas. Mais guère plus. Pas à 43.

pantani-attack1Seulement...  Imaginons un Tour qui, cette année, finirait avec une moyenne de 38 km-h et l'Alpe d'Huez gravie avec 10 mn de plus qu'à la manière de Pantani... Les mêmes qui hurlent contre le dopage ne ricaneront-ils pas contre les nouveaux fainéants?

439386-l-equipe-sky-du-maillot-jaune-le-britannique-bradley-wiggins-c-en-tete-du-peloton-du-tour-de-france-Il est effectivement impossible de gagner le Tour sans se doper quand une autre équipe a, en plus de son cador, des équipiers chargés comme des mules, qui développent 380 watts du haut en bas d'un col hors catégorie - équipiers plus fort que bien des leaders - et qu'en outre certains d'entre eux poussent l'insolence jusqu'à se glisser à l'arrière pour remonter ensuite le peloton avec 10 kg de bidons (Richie Porte venant l'année dernière ravitailler Wiggins et Froome sur une pente à 8% -  même pas suffisamment à court de respiration pour l'empêcher de bavarder du haut en bas dans son micro).

Tant que deux ou trois équipes tricheront, les autres seront contraintes de le faire ou de se contenter des miettes qu'on voudra bien leur concéder. Mais si, on peut gagner un Tour en développant des performances humaines pour peu que chacun le fasse et que de ce fait, les résultats ainsi obtenus soient humains. Si le Tour 2013 dont le parcours est très accidenté se court autour de 38km-h (avec des étapes de plaines plan plan) ou de 40km-h (les mêmes parcourues à fond), si les ascensions des grands sommets se font dans des temps comparables à ce qui se pratiquait il y a trente ans (en tenant compte de l'évolution considérable du matériel, donc un peu plus vite), on pourra y croire.

On n'ose pas s'avancer tant le futur réserve peut être des révélations, mais le Tour 2011 a rassuré quand on a vu un Evans finalement vainqueur flancher deux ou trois fois sous les coups de boutoir d'équipes rivales, avant de gagner à une moyenne raisonnable, et des outsiders gagner sur ce même Tour de belles étapes qui, dix ans auparavant, seraient revenues au vainqueur ou à des zombies grimpant "en moto" pour arriver à peine en sueur (et mourir quelques années plus tard, dans la solitude et le désespoir d'une chambre d'hôtel). On se rassure quand, la détection de nouveaux produits étant actée, de récentes vedettes sombrent dans l'anonymat et feront une saison blanche avant, sans doute, de quitter le milieu. On dirait que l'éclipse luxembourgeoise touche à sa fin...

sipa_00402000_000010Un mot sur la pitoyable défense de Jalabert, en ce moment dans l'oeil du cyclone... "On nous faisait des soins, est ce qu'on nous dopait par la même occasion? Je ne crois pas". Les coureurs ne demandent pas ce qu'on met dans leurs perfusions? (déjà, perfuser un coureur, est ce une méthode naturelle de récupération?). Jalabert a singulièrement manqué le coche en ne disant pas la vérité devant la commision sénatoriale qui le faisait comparaître sous serment. Faute avouée est à moitié pardonnée, surtout quand elle est vieille de quinze ans, et qu'à l'époque tout le peloton était chargé à L'EPO, bien obligé... Le milieu perd un de ses commentateurs les plus avisés, mais il a mal choisi son camp. Tant pis pour lui.

Cela dit, il faut une nouvelle fois se poser la sempiternelle question. Ces "révélations" concernent des faits vieux de quinze ans... et elles explosent à une semaine du départ du Tour (c'est chaque fois la même chose). Pourquoi en outre fait-on en proportion dix fois moins de contrôles pour le football, le rugby (au coeur de toutes les suspicions), le tennis, l'athlétisme, que pour le cyclisme? Pourquoi n'a-t-on pas d'échantillons anciens d'urine de pratiquants de ces sports, que l'on pourrait examiner... par exemple à la veille de la Coupe du Monde? (Bien écouter ce que MG Buffet, alors ministre des sports, a à dire à propos d'une velléité de contrôle des footeux français à Tignes)

Avec ses défauts, le Tour est néanmoins l'épreuve la plus populaire du Monde et c'est ça qui défrise certains bobos. Qui, à par eux, veut sa mort?

Le Tour n'a pas besoin de l'UCI. A lui seul, il représente plus de la moitié du cyclisme. Qu'attendent ses organisateurs pour en faire une épreuve indépendante, richement dotée, où ne seraient invitées que des équipes qui n'ont pas fait tâche ou qui firent le ménage énergiquement juste après, où les contrôles anti-dopage pourraient s'exercer sous l'égide de l'AFLD et de l'AMAP (lutte française contre le dopage ; lutte mondiale) avec transmission des prélèvements urinaires et sanguins aux instances nationales antidopage des pays qui ont des coureurs engagés et qui le souhaitent? (exemple: l'USAID, qui fit chuter Armstrong là où l'UCI s'en fit le complice)

benjamin borghésio

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Le blog de benjamin borghésio
  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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