De l'hystérie sécuritaire (suite et pas fin)

Il avait tout inventé, cet instituteur soi-disant agressé par DAECH dans sa classe...

Un enseignant attaqué à Aubervilliers, l'agresseur invoque l'EI

Il y a quelques jours, l'appel de l'État islamique à attaquer l'école française avait interpellé. Doit-on voir dans l'agression d'un enseignant la mise en pratique des indications de l'organisation terroriste ? TF1 a annoncé qu'un enseignant a été agressé à l'arme blanche dans une école maternelle publique à Aubervilliers.  http://www.lepoint.fr

EXTRAITS.

Il avait tout inventé : un instituteur qui affirmait avoir été agressé lundi matin au cutter dans sa classe, dans la banlieue parisienne, par un homme se revendiquant du groupe djihadiste État islamique (EI), a reconnu avoir affabulé. Dans le lourd climat créé par les attentats du 13 novembre à Paris revendiqués par l'EI et ses menaces à l'encontre des enseignants français, la prétendue agression avait semé l'effroi, entraînant une prompte réaction de la ministre de l'Éducation et la saisie du parquet antiterroriste.

L'enseignant de 45 ans était entendu dans l'après-midi pour comprendre ce qui l'a mené à inventer ce récit, a indiqué le parquet de Paris. Lundi matin, il a été hospitalisé, blessé superficiellement au cou et au flanc. Il affirmait avoir été agressé au cutter dans sa classe de maternelle, à Aubervilliers  /... , par un homme qui avait invoqué l'EI. L'instituteur avait assuré avoir été poignardé au flanc et à la gorge vers 7 h 10, alors qu'il préparait sa classe dans l'école Jean-Perrin. Selon lui, un agresseur, en tenue de peintre, ganté et cagoulé, chaussures militaires de type rangers aux pieds, était arrivé sans arme et s'était saisi d'un cutter qui se trouvait dans la salle de classe. L'homme avait lancé : « C'est Daech [acronyme arabe de l'EI, NDLR], c'est un avertissement », selon l'enseignant.

Finalement, l'instituteur a avoué dans l'après-midi s'être blessé tout seul /... Même si les sources policières s'étaient montrées prudentes sur l'hypothèse islamiste, la section antiterroriste du parquet de Paris avait été saisie de l'enquête, en raison de la menace toujours très élevée en France.

« Une personnalité de l'école »

La ministre de l'Éducation Najat Vallaud-Belkacem s'était rendue sur place dans la matinée, avec le recteur, le préfet et l'inspecteur, et avait évoqué un « acte d'une grande gravité » et « un contexte où, oui, l'école se sent menacée ». Les enfants seront accueillis mardi par un remplaçant et l'académie continuera d'assurer le soutien psychologique à l'équipe de l'école et aux élèves, a affirmé la ministre dans un communiqué publié après les révélations du parquet. La sécurité des établissements scolaires « demeure une préoccupation » du ministère, a-t-elle ajouté /...

/.... L'enseignant, qui y travaille depuis 20 ans, est « apprécié », avait indiqué le maire PCF de la commune, Pascal Beaudet. L'édile avait noté dans la matinée que le gardien de l'établissement, « à son poste », n'avait pas vu l'agresseur. L'instituteur « est très impliqué dans la vie de l'école », selon Nadia Perez, une mère de famille. « C'est une personnalité de l'école », qui, selon elle, « pouvait être assez dur avec les enfants » : « Il ne tolérait pas l'impolitesse. »

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Dès la parution de l'information, l'auteur de ce blog a eu des doutes (sinon il aurait sauté au plafond, par solidarité de corps, pour évoquer cette affaire dès hier). Trop d'invraisemblances... Présence dans la classe à 7h du matin, blessure avec un cutter trouvé sur place (en maternelle!!), simples estafilades alors que DAECH n'est pas connu pour faire dans la demi mesure, etc. On ne tirera pas sur une ambulance: on supposera que l'affabulateur subit un profond mal être pour sombrer dans la mythomanie.

Hystérie.

Seulement, il y avait le silence de la police... Révélateur. Les forces de l'ordre devaient se dire que c'était assez flou pour qu'il y ait un loup. Admettons que le Parquet ouvre de suite une enquête pour acte de terrorisme, mais la ministre devait-elle se déconsidérer en se précipitant sur place et, plus grave, en accroissant, par ses déclarations et sa présence l'aspect anxiogène de l'affaire?

Calinothérapie?

Le pli est hélas pris... Dès qu'il y a un problème, il faut désormais, impérativement, faire preuve de calinothérapie au plus haut niveau de l'état. "Aller les voir", tel est le leitmotiv, encombrer de sa présence les acteurs de terrain qui sont confrontés à la gestion de crise, et qui doivent perdre un temps et une énergie précieux avec le ministre ou le président qui se ruent sur place sans le moindre recul.

Un peu de bon sens!

Quand reviendra-t-on à une vraie culture du résultat au lieu de privilégier l'instantanéité, au risque de se déconsidérer? Je gage que ce pauvre type va payer très cher, encore plus que ce qu'il mérite, non pas pour son comportement pitoyable mais surtout pour avoir ridiculisé une ministre par trop réactive. 

Notons avec amusement la conclusion de l'article, pleine de saveur. En 2015, un enseignant est considéré comme "assez dur" quand il ne tolère pas l'impolitesse.

benjamin borghésio

UN AUTRE ECLAIRAGE...

L'affabulateur, le terrorisme et l'emballement médiatique

Lundi en début de matinée, les médias en continu, recoupant une information de TF1, rapportent qu'un instituteur d'une école maternelle d'Aubervilliers s'est fait agresser vers 7 h 30 à l'arme blanche - cutter ou ciseaux, les versions divergent - dans sa salle de classe par un homme cagoulé et vêtu d'une blouse blanche " de peintre ".  http://www.lemonde.fr