Non, Nicolas Bernard-Busse, n'est pas un "prisonnier politique".
C'est un délinquant de droit commun, comme on appelle couramment les manifestants qui se rebellent, dès lors qu'ils sont de "gauche". Pour une fois, ça tombe sur un gonze de droite.
Nicolas Bernard-Busse n'a pas été condamné à quatre mois de prison dont deux mois ferme (avec mandat de dépôt à l'audience, c'est à dire avec départ immédiat pour la maison d'arrêt) pour avoir manifesté contre "le mariage pour tous". Cela aurait été le cas, que le scandale eut été immense, le droit de manifester dans le respect des lois étant constitutionnel.
Nicolas Bernard Busse a été arrêté deux jours de suite par des policiers chargés du maintien de l'ordre, chargés de disperser une queue de manifestation qui dégénérait.. Le premier jour, il a donné une fausse identité aux policiers (premier délit) et a comparu devant un tribunal. Il s'en est fort bien tiré et n'a pas tenu compte de la mise en garde.
Il a été arrêté et jugé en comparution immédiate pour "outrage et rébellion".
Comme la loi le prévoit dans cette situation, il a été soumis à la prise de ses empreintes digitales et de son empreinte ADN. Décision qui découle directement d'une loi actée par la droite au pouvoir, contre laquelle nous fûmes peu nombreux à nous émouvoir (pour ma part je considère que la prise de l'ADN doit être réservée aux délinquants et criminels sexuels et aux délinquants récidivistes). Il a refusé en toute connaissance de cause ces prélèvements, et il a été jugé et condamné pour ça, selon le "tarif".
Quant au mandat de dépôt, il n'est en général prononcé dans ces circonstance que devant des accusés particulièrement insolents ou arrogants à la barre, lorsqu'ils ont des garanties de repésentation. Nicolas Bernard Busse a semé ; il récolte ce que des lois actées par ses amis de droite ont fait promulguer.
On ne saurait conseiller à son fan club qui se déchaîne sur les réseaux sociaux et dans les rues pour en faire un martyr d'écouter la voix de la sagesse, en respectant le voeu exprimé par sa propre famille: faire profil bas. Parce qu'une si courte peine de prison est en général encore réduite à quelques jours chez un primo-délinquant et il n'est guère douteux que dans très peu de temps, le Juge d'application des peines aménagera sa détention selon les modalités habituelles: semi-liberté, jours amende, TIG, etc.... sauf si des irresponsables créent les conditions qui s'y opposeront. Cette note a été écrite trois jours avant sa parution... Il n'est pas impossible que la libération ait eu lieu entre temps.
Espérons que ces quelques jours passés en "zonzon" ouvriront les yeux d'un membre de cette jeunesse dorée et qu'à la sortie, il fera preuve d'un peu de compassion vis à vis des centaines de pauvres bougres qui passent tous les jours en comparution immédiate, sans soutien de l'opinion, sans avocat motivé, sans publicité, qui vont directement dans la case "maison d'arrêt" faute de garanties de représentation. Sa courte expérience de la détention en fera un militant potentiel idéal, pour améliorer les conditions de jugement et de détention des personnes qui passent en comparution immédiate.
benjamin borghésio