"Je suis partout" - Il y a une demande, on peut rééditer ce journal en étant assuré du succès.

Il suffirait de prendre quelques précautions sémantiques pour ressuciter ce tombereau de saloperies dans lequel Brasillach - parmi d'autres - dénonçait nommément des malheureux, sachant pertinemment qu'il les condamnait à un sort ignominieux et s'indignait qu'on laissât parfois les enfants et même les nourrisons en France au lieu de les charger dans les wagons plombés avec leurs parents. Ne pas écrire "les Juifs" mais "les sionistes" et le tour est joué. On peut aller plus loin en parlant des "sionistes talmudiques" (ça ne veut rien dire, c'est jugé esthétique avant tout, ce n'est pas grave ; mais on rappellera que les Juifs les plus intégristes ne sont pas sionistes puisque selon eux l'état israélien est une anomalie, le Messie n'étant pas arrivé pour le proclamer - d'où le crétinisme de l'association). Sionard, c'est pas mal non plus, ça permet de franchir un pas de plus dans l'ignominie sans avoir à écrire "juif" ou (pléonasme pour ces gens là) "sale juif". Ben oui, courageux mais pas téméraires puisque chez nous - heureusement - le racisme et l'antisémitisme ne sont pas des opinions, ce sont des délits. Pas suffisamment sanctionnés hélas.

On reprend au XXIe siècle la bonne vieille antienne (ils sont partout, ils dirigent le monde, ils tiennent tous les médias, ils sont les plus riches, ils se serrent les coudes entre eux, etc.) Un Juif qui écrit dans un journal n'est pas un journaliste, c'est d'abord un sioniste militant - quoiqu'il écrive. Qu'il y en ait dans la gauche dure, dans la gauche molle (J. Daniel, R Dély), eu centre (Kahn) très à droite (Adler) ce n'est pas grave. Ce sont toujours des sionistes qui s'entendent entre eux. Glucksmann fut maoïste avant de pleurer tous les jours le départ de G. Deubeulyou Bush? Pas grave, ce fut, c'est et ce sera toujours un "sioniste" (sauf qu'en 1970 au début de la carrière du bonhomme, 25a après la découverte de l'horreur des chambres à gaz dont on ne niait pas encore l'existence, ça se murmurait ; là on le hurle). Comment critiquer ce sale type, en ne courant pas le risque d'être assimilé à ceux-là?

Le pire c'est que cela perturbe les critiques faites à l'hyper atlantisme du bonhomme, ça empêche de le flinguer intellectuellement, par peur d'être confondus avec ces antisionistes / antisémites du XXIe siècle  (même si on n'est pas un rat d'égout, on ne tient pas à être confondu avec les rats d'égout...) Pour ma part c'est ce qui freine ma critique d'individus comme Glucksmann, Béhachel, Kahn, J Daniel, Adler, etc : la peur d'être assimilé à ces racistes monomaniaques et obsédés.

Ils ont tous un point commun: ils ne pensent qu'à ça: traquer partout la juiverie, la combattre sous couvert d'antisionisme, pour ne pas être taxé d'antisémitisme. Vous pouvez leur parler de quoi que ce soit, dans quelque domaine de la pensée que ce soit - à supposer qu'ils pensent, car avec un cerveau reptilien c'est difficile - ils vous brancheront sur leur obsession... la juiverie internationale rebaptisée sionisme (entre eux, il y a moins de précautions sémantiques! on dérape vite vers le "youtre", le "youpin", j'en passe et des pires). Dinez avec eux, parlez actualités, culture, affaires, pétanque, pêche à la ligne, rien à faire: ils y reviendront. Comme les frontistes, vis à vis des Musulmans (les deux obsessions sont d'aileurs souvent compatibles ; on notera toutefois "l'arabophilie" qui pousse à encenser par exception un dirigeant "bougnoule" pour peu que ce soit un tyran assoiffé de sang. Hussein et les Assad faisaient, font très bien l'affaire).

Ah! j'oubliais un dénominateur commun. Ils ont (presque) tous leur bon Juif, mis en avant, qui permet de se déclarer sincère démocrate objectif. Dreyfus est (de façon ambiguë) réhabilité, Stéphane Hessel a joué longtemps ce rôle d'idiot utile et de nos jours à cause de la bêtise de l'état d'Israël, c'est Charles Enderlin l'alibi commode. A son grand dam, le malheureux.

Je les déteste, ces pseudo antisionistes. Parce que pour ne pas être assimilé à eux, je n'ose pas développer mon véritanle antisionisme dans lequel, contrairement au leur, il n'existe pas une molécule d'antisémitisme. Je profère une critique résolue de la politique israélienne, de l'occupation des territoires, mais je souhaite pour ce pays une existence viable dans le cadre de frontières sûres et reconnues élaborées par la négociation, sur la base des lignes de 1967 (des échanges de territoires négociés et acceptés par les deux parties pouvant être accomplis). Pour le reste je n'ai rien contre les Juifs dès lors qu'ils ne se définissent pas comme tels avant de mettre leur citoyenneté en avant.

benjamin borghésio