Est-il encore permis de réfléchir?

On en doute de plus en plus quand on voit les réactions des divers pouvoirs et des médias, face à ceux qui - ne leur en déplaise - se posent - et  posent - des questions dérangeantes.

Exemple: le début d'un article du Point, qui descend Piketty

À l'effroi des attentats du 13 novembre est vite venue s'ajouter la nausée provoquée par le défilé ininterrompu, sur les plateaux de télévision, d'experts en tout genre et par la vague déferlante de tribunes, dans les journaux, de spécialistes autoproclamés de l'islam, des banlieues et du terrorisme. Sociologues, psychologues, journalistes, hommes politiques, philosophes, juges, policiers, militaires, tout le monde y est allé de sa petite analyse sur la tragédie. Sans oublier les économistes./....

Nausée, rien que ça...  Pardon Pierre Antoine Delhommais, mais là c'est vous qui me donnez envie de gerber.

N'en déplaise à ces chiens de garde qui se vautrent dans la soumission, dans la capitulation de la pensée, dans l'unanimisme suspect (comme le sont tous les unanimismes) les esprits libres s'interrogeront toujours sur les raisons, sur les mécanismes, qui poussent des jeunes issus de l'Occident à évoluer radicalement en quelques mois et se transforment en terroristes kamikazes. Depuis quand tenter de formuler un diagnostic accélère-t-il le processus d'une pathologie? Comment soigner quand on ne connaît pas les mécanismes de progression d'une maladie?

Ils se poseront aussi toujours la question de l'opportunité - ou pas - d'entrer en guerre contre DAECH (on se souvient du mensonge fondateur du mythe des armes de destruction massives en Irak et de la saine gestion de crise par Chirac?) Surtout qu'on peut être révulsé par DAECH en demeurant sceptique sur l'opportunité d'actions militaires. Soyons sérieux: quand les occidentaux ont-ils, par des guerres, résolu un problème au Moyen Orient, sans lui substituer une situation bien pire?

Irakiens "libérés" par les USA

Il va sans dire - et c'est si évident que nous ne le répéterons pas - que chercher des causes n'est en aucune manière exonérer qui que ce soit de ses responsabilités. Ca se saurait, si le chomage et l'exclusion devaient toujours mener au terrorisme, surtout que nos cinglés ne se sont en général pas spécialement fait remarquer, avant de dévisser, par une recherche effrénée d'insertion sociale. Mais nous sommes dans le pays qui inventa les droits de l'homme et qui par le fait d'un "socialiste" interdit par le biais de l'état d'urgence, ad vitam aeternam, le droit de manifester, qui permet aux flics de débouler chez nous à 6h du matin pour fracasser notre porte et tout chambouler avant de nous emmener en garde à vue, qui peut nous écouter à volonté, et cela sans le contrôle de la justice etc. Tout cela grâce à l'état d'urgence qui est tout sauf anodin

C'est peut être nécessaire. D'aucuns, - et c'est leur droit le plus strict - penseront que c'est sans doute nécessaire (je n'en fais pas partie). Mais qui peut oser d'opposer à ce qu'une institution valide le travail de l'exécutif, ne le,laisse pas seul à décider où mettre le curseur qui délimite les bornes entre sécurité et protection de la population d'une part, restriction excessive des libertés fondamentales d'autre part? il y a là une brèche que pouvoir judiciaire comme pouvoir législative doivent combler. Qui note la contradiction entre

d'une part les déclarations de Cazeneuve - au demeurant bon ministre qui contribue à ne plus hystériser la fonction comme l'excité d'avant et les subalternes qu'il avait mis en poste après lui - qui met en avant les chiffres impressionnants relatifs aux perquisitions, interpellations, expulsions réalisées par ses services en quelques mois - ce qui démontre a contrario que la police pouvait agir sans l'état d'urgence, d'autre part son désir de développement de l'état d'exception?

On faisait le travail avant, pourquoi ajouter cette mesure inquiétante? Dans un premier temps, demandons et obtenons que le Parlement puisse être informé régulièrement (une commission travaillant à huis clos pour les affaires sensibles) et que des magistrats soient en charge du suivi. Sachons raison garder: quel procureur, quel juge d'instruction osera brider une procédure présentée de façon carrée, dans le contexte actuel? Alors pourquoi se priver de ce garde fou? (photos: Valls et... Guy Mollet:ce dernier adorait aussi les états d'urgence, les intredictions de manifestation, etc. )

Ensuite sachons raison garder. Quand on voit ça...

Il est inutile de contacter le RAID ou le GIGN. C'est du branquignolisme, du désir de choquer le bourgeois après les existentialistes (post zazous) les blousons noirs, les patte d'eph, les beatniks, etc. Le vrai loup solitaire va en boîte, il cherche à pécho, il boit de la bière, bref il se fond dans la masse (voir Merah ci contre), condition essentielle d'un acte terroriste réussi.

Ces petits cons qui veulent surtout choquer le bourgeois, qui n'ont que 10 neurones sans synapses, on les convoque, on fouille leurs connexions internet, on sanctionne sans faiblesse tout ce qui est hors la loi, on expulse si ce sont des étrangers (via la loi, pas la "morale": ex, discrimination vis à vis des femmes, écrits illégaux, etc.), . Mais pour une simple djellaba et une barbe ridicules, on ne s'alarme pas outre mesure si on peut emm... à loisir des emm... qui neuf fois sur dix se calment de suite quand ils sont légalement secoués.

Billet à venir... Comment et pourquoi part-on combattre avec DAECH?

benjamin borghésio.