Pathétique Morano... (suite)
Rappel d'un précédent billet concernant la dame, qui glorifia samedi dans ONPC une France "de race blanche" qu'elle opposait à un mélange forcément sinistre (votre serviteur l'a écoutée en direct, avec une consternation mêlée de rage et de... pitié devant tant de connerie. Grace au replay, il a pu confirmer l'impression désastreuse produite par l'entretien).
Un bon point tout d'abord pour Moix, qui se rattrape après ses insanités proférées contre Onfray (qui le tailla en pièces) en demandant à Morano qui, de de Gaulle qui avait quitté son pays en guerre ou de Pétain qui y était demeuré, était le plus respectable. Réponse bafouillée et peu convaincante. Eut-elle dit qu'elle regrettait des propos hâtifs qui prêtaient pour le moins à controverse, qu'elle s'en serait infiniment mieux sortie (même Sarkozy admet - rarement - s'être parfois trompé, c'est dire)
Ensuite, pour justifier l'emploi du mot race, pirouette de Morano: "après tout, c'est dans le dictionnaire, donc on peut l'utiliser". Faisons-lui remarquer que "connasse" est aussi dans le dictionnaire, ce qui ne l'empêcha pas de porter plainte contre Guy Bedos qui l'avait employé à son égard (ce n'est pas que que notre humoriste fit de mieux, cela dit ; l'insulte est inutile surtout quand elle n'est pas drôle). Ensuite que tous les bons dictionnaires indiquent l'aspect péjoratif du terme "race", du moins dans la langue française.
Dans de nombreux textes de français moderne, le terme de race reste utilisé pour désigner les sous-groupes de l'espèce humaine formés par les différences héréditaires de couleur de peau et de morphologie (yeux bridés, par exemple). Le mot « race » est d'ailleurs employé à l'article 1 de la Constitution française : « [La République] assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ». Cependant, si cette absence de distinction est bien acceptée dans les pays anglo-saxons, elle est fortement rejetée dans d'autres comme la France, où l'utilisation dans un cadre officiel d'une mention raciale est interdite, le terme de « type » ou « ethnie » est préféré. (Wikipedia, entre autres)
Autre argument : "après tout le général de Gaulle employait le même terme". Ce n'est pas ici qu'on déniera - quels que soient les désaccords qu'on puisse avoir avec le gaullisme - les talents et la grandeur du Général souvent visionnaire, mais basta avec les anachronismes. De Gaulle est né au XIXe siècle et il fut élevé dans une famille bourgeoise très conservatrice ; il garda de cela des expressions, certains préjugés de son temps (cela dit qu'il soit sorti de ce milieu pour professer ensuite un républicanisme sans faille quand au fond de lui il était catholique traditionnaliste et... monarchiste ne le rend que plus estimable). Morano parlerait-elle aussi, en 2015, du peuple juif sûr de lui et dominateur? (MonGénéral, 1967) Dirait-elle comme lui que "les femmes sont des dindes en politique, elles n'y entendent rien"? Des mots, des expressions ne faisaient pas débat il y a quelques décennies, qui nous heurtent en 2015: le monde évolue, Madame Morano.
Passons sur sa défense à tous crins de la laïcité (qui peut le lui reprocher?), ridiculisée par l'affirmation suivante: "la religion muslmane doit rester minoritaire" On peut certes le souhaiter au fond de soi - mais comment un régime laïque pourrait-il agir légalement pour défavoriser une religion? Passons sur l'extrapolation avec le voile intégral pour tenter de se tirer d'affaire, la burqa (prescriptions inconnues dans le Coran) et là ses contradicteurs furent d'un stupidité insigne en semblant défendre cette coutume qui n'est qu'un avilissement de la femme. Et l'amalgame fait entre "réfugiés" et "terroristes" alors que nos terroristes sont tous - hélas ! - de purs produits de notre société, nos écoles, nos prisons (de Merah aux frères Kouachi et avant, Beghal)
Enfin Morano, voilà un peu d'histoire pour vous éclairer. Ca vous dérange fortement d'avoir des basanés, voire des Noirs dans les rues de France et après tout c'est votre droit (on ne nous demande pas de rendre des comptes sur nos fantasmes, il suffit juste de ne pas passer à l'acte quand ils sont délictueux). Mais il faut vous y faire, c'est en grande partie le résultat de notre histoire. C'est nous qui sommes allés dans le Maghreb, en AEF, en AOF, bien avant aux Antilles, à la Réunion, en Guyane (etc) où des gens sont devenus français au XVIIe siècle (des Noirs, quelle horreur! Plus d'un million, de nos jours.) On ne nous y a pas appelés. Nul ne peut nier que pendant la Grande Guerre, la France échappa de très peu au désastre en 1914, 1916 et 1918 en particulier. Sans les combattants indigènes, sans les tirailleurs sénégalais de Mangin le boucher qui les envoya au massacre par dizaines de milliers, sans les volontaires antillo-guyanais, que serions-nous devenus?
A partir de 1942 qui composait, à 50%, les troupes de la France combattante si ce n'est les Maghrébins? Ce sont par exemple les Goumiers du général Guillaume qui firent sauter le verrou de Cassino et permirent la conquête de Rome. Sans leur sacrifice, la France serait-elle membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU?
Et qui, en 1947, fit venir des dizaines de milliers de Maghrébins dans la métropole pour hâter sa reconstruction? Qui organisa le peuplement de nos usines, par les mêmes, dans les années soixante? Oui cela a des conséquences sur notre vécu au XXIe siècle. Il vaut mieux tenter de vivre avec, d'organiser notre société en fonction de ces données que de semer la haine, que de sembler souhaiter l'apartheid.
Ce qu'en disent la plupart de ses compagnons (quand même!) est résumé ici:
"La France, ce n'est pas une race, la France, ce n'est pas une religion, la France, elle n'est pas une couleur de peau. La France, c'est une idée, c'est des principes, c'est des valeurs essentielles, l'égalité homme-femme, la laïcité, notre histoire, notre mémoire, notre langue. C'est ça qui fait la valeur de la France. La France n'a jamais été ni une race, ni une religion, ni une couleur de peau", Bruno Le Maire sur RMC et BFM TV.
Même la bande à Sarkozy désavoue timidement. C'est dire. Un proche de Sarkozy commente les propos de Morano sur la "race blanche" : "Il n'y aura pas de sanction au niveau national. On a décidé de ne pas donner d'oxygène à cette affaire. Elle sera traitée au niveau local"
La sortie de Nadine Morano samedi soir sur France 2 sur "la France, un pays à majorité de race blanche", n'en finit pas de faire des vagues. La question d'une sanction par son parti a été "pour l'instant" écartée, bien que Sébastien Huyghe, porte-parole de "Les Républicains" "affirme fortement que les propos de Nadine Morano n'engagent qu'elle.
Un jeune homme de seize ans a mis en ligne une pétition demandant au parti de Morano de ne pas la maintenir comme tête de liste aux régionales. Plus de 45.000 signatures en deux jours. Rappelons que le racisme n'est pas une opinion: c'est un délit.
Morano, tu dégages!
benjamin borghesio
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