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Le blog de benjamin borghésio
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14 juin 2015

La démagogie de Sarkozy devient-elle dangereuse pour la démocratie?

"quand tout est dictature, plus rien n'est dictature". Mais là, il faut sérieusement se poser la question des dérives sarkozystes. Et mettre en exergue le décalage entre les Grands Principes qu'il prétend défendre, et sa pratique personnelle.

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Sarkozy "assez impressionné" par le oui des Irlandais au mariage gay
Le Point - Nicolas Sarkozy, président des Républicains, s'est dit samedi "assez impressionné" par le "oui" des Irlandais au mariage homosexuel. "J'ai été assez impressionné par ce qui s'est passé en Irlande sur le référendum au mariage homosexuel", a affirmé Nicolas Sarkozy, devant plusieurs centaines de nouveaux adhérents à son parti à Paris.

urlEXTRAIT "Les Irlandais ont répondu oui. J'en tire la conclusion très simple : chaque fois qu'on donne la parole au peuple, le peuple prend la parole avec le sens de la responsabilité", a-t-il ajouté.

Selon l'ancien chef de l'État, "à partir du moment où le vote a choisi, chacun doit respecter cette décision". "C'est très intéressant. Je vois que certains éditorialistes disent qu'il ne faut pas poser la question de ceci, pas poser la question de cela, présupposant que le peuple n'est pas raisonnable. Moi, je présuppose que ce sont les élites enfermées dans la pensée unique qui sont déraisonnables", a-t-il également affirmé.

D'accord, plus c'est gros plus ça a des chances de passer mais il y a des limites, et il est épouvantable - pour la tenue du débat démocratique - que les adversaires du Président des "Rép" ne les mettent pas en évidence au lieu de se complaire dans leurs querelles byzantines.

urlTout d'abord parce que quiconque a une parcelle de culture historique sait que les manières d'opposer les "corps constitués", les "z'élites" (désignées ainsi avec un ton condescendant, méprisant, voire hostile)  furent toujours l'apanage des régimes totalitaires, soit en gestation, soit qui parvinrent à leurs fins. Mussolini se déclarait très proche du peuple italien (il posait en paysan faisant les moissons, en terrassier dans les marais Pontain, en ouvrier dans les usines). il se définissait comme son vrai représentant, opposé aux corps constitués (justement ceux à qui Sarkozy déclare la guerre). Hitler aussi masquait soigneusement ses relations privilégiées avec le grand capital allemand (qui finança son accession au pouvoir): pendant qu'il vidait une chope de bière avec les Vieux Compagnons dans une taverne de Munich, le très respectacle docteur Schacht (scandaleusement acquitté à Nüremberg) traitait discrètement et efficacement avec la finance allemande et internationale. Dans la dérive stalienne puis brejnevienne qui se réclamait du communisme, on expliquait doctement que la classe ouvrière n'avait pas besoin de syndicats, puisque les usines lui appartenaient. Des exemples de ce genre, on en trouve une myriade dans l'histoire du monde. Il serait scandaleux de traiter Sarkozy de fasciste, de nazi ou de stalinien. Cela une fois posé, on peut s'indigner du fait que comme Berlusconi, il emprunte les recettes de ces régimes.

aurlLa défense envers et contre tout du référendum, thème que sous l'influence du crypto-facho Buisson il avait ressorti pendant la campagne de 2012? Il y a là un vrai débat, à condition de le mener avec honnêteté, et de ne pas s'être gravement déconsidéré sur ce thème auparavant. Sarkozy feint d'avoir la mémoire courte, mais nous l'avons bonne. En 2005, malgré une campagne scandaleusement unilatérale (80% du temps de parole attribué aux partisans du "oui" à l'approbation du TCE, quasi totalité des médias qui soutenaient ce oui avec des arguments parfois pertinents, parfois infects - ceux qui émettaient des réserves étant diabolisés, traités de xénophobes, de racistes, d'abrutis incapables de comprendre le monde el qu'il devenait, j'en passe et des pires), les Français se sont solennellement prononcés en faveur du NON, à une très nette majorité (plus de 55%). Que fit Sarkozy une fois arrivé au pouvoir? Il s'assit sur ce vote solennel pour obtenir d'une majorité parlementaire aux ordres, aidée par les "socialistes", faisant valider le traité de Lisbonne, feignant d'oublier un principe fondamental en démocratie: "seul le peuple peut défaire ce que fit le peuple" Et il serait qualifié, après cette forfaiture, pour nous donner des leçons de démocratie directe?

urlLe référendum comme mode de gouvernement, la démocratie directe en lieu et place de la démocratie représentative? Ca se discute certes mais à ceriaines conditions :

- que ces consultations ne soient pas des plébiscites, parce que là on aboutit... à tuer la démocratie, justement (voir comment les deux Napoléon sont arrivés au pouvoir, entre autres) ; que les questions soient posées de façon que la réponse puisse être formulée sans ambiguïté :

- que celui qui a le pouvoir de poser la question ne se permette pas de choisir celles qui l'arrangent en omettant de poser les autres ;

- que justement, pour que le peuple souverain soit à même de décider à bon escient, on donne aux corps constitués et aux instances représentatives (politiques, syndicales, associatives etc.)  la capacité d'organiser les débats, de fournir les informations qui permettront au citoyen de formuler un choix éclairé.

En clair, que l'on se situe dans le cadre d'une démocratie représentative (qui a mes préférences même si je pense que le débat public mériterait d'être enrichi et améioré dans son fonctionnement) ou d'une démocratie plus directe, ces instances sont des relais fondamentaux de la vitalité démocratique (même si bien entendu, on doit veiller à ne pas tomber dans la synarchie). Les attaquer - tout comme on attaque la magistrature en général - on peut en revanche à bon droit critiquer l'action de certains juges -, c'est porter atteinte à la démocratie dont on prétend améliorer le fonctionnement.

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curlOn rappellera que Sarkozy n'a, depuis quarante ans, fait à peu près que de la politique ; qu'il fut longtemps député-maire de Neuilly, ville dans laquelle, comme chacun sait, on est proche du peuple et de ses souffrances ; qu'il occupa des fonctions minstérielles prestigieuses pendant plus de six ans avant d'être chef de l'Etat ; qu'il est redevenu un apparatchik politicien en dirigeant un parti (à l'instar d'un vulgaire Cambadélis) ; dont les collusions avec la finance et le grand patronat sont connues, revendiquées même ; que quand il veut se reposer, il se fait prêter un Ryad fabuleux par le roi du Maroc. Alors le voir se poser en défenseur du peuple contre ses élites et ses corps constitués... Il fallait oser, il l'a fait!

surl

skEncore un point qui montre sa mauvaise foi. Pendant le calamiteux débat qui aboutit au droit au mariage pour des personnes du même sexe (calamiteux parce que mal mené et ayant de ce fait abouti à une atmosphère de guerre civile), Sarkozy faisait partie de ceux qui, après avoir soufflé sur les braises en tenant des propos à la limite de l'homophobie, avait juré ses grands dieux que la droite parlementaire revenue aux affaires abrogerait cette loi (ce qui en outre, en droit, paraît impossible et avocat de formation il le sait fort bien mais un démagogue ne s"arrêtera pas à ce détail) et à l'époque il n'évoquait pas un référenduml (d'ailleurs, que n'en a-t-il proposé aux Français surant son mandat, puisqu'il les porte au pinacle?). Or la société irlandaise pourtant infiniment plus conservatrice que la notre sur des questions de société (poids de l'église catholique aidant) a tranché sans ambiguïté, lui infligeant un désaveu cinglant. Alors se raccrocher aux branches comme il le fait... Plus c'est gros, plus ça passe, encore une fois!

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Autre perle qui montre que le personnage ne recule devant rien.

Ses récentes déclarations relatives au droit du sol, droit du sang (toujours pour cavaler après le FN, il n'a toujours pas compris qu'en se situant sur son regisyre au lieu de faire preuve de courage, il valide ses thèses et perd sur tous les tableaux)

"Faut-il remettre en cause le droit du sol ? Cette question, incontestablement, peut se poser", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de la première réunion des nouveaux adhérents au mouvement Les Républicains, samedi. Ce débat, il est voulu depuis longtemps par son collègue Éric Ciotti. Le député des Alpes-Maritimes prône le rétablissement du "droit du sang" pour obtenir la nationalité française, avec le maintien du "droit du sol" - aujourd'hui en vigueur pour tous - pour les citoyens de l'Union européenne. (AFP)

Mais... Qui a dit en 2003 :. "Avec le droit du sang, on a toujours un sang qui n'est pas suffisamment pur"?

dsC'est Nicolas Sarkozy (qui en l'occurrence était dans le vrai, surtout depuis la réforme du droit du sol effectuée il y a une trentaine d'années, qui encadra ce droit et fit en sorte qu'on ne pouvait pas devenir français "par accident", parfois sans l'avoir souhaité). Ajoutons que pour compléter le tableau, si le droit du sang avait été en vigueur à la Libération et appliqué de façon stricte, Pal Sarkozy, Hongrois arrivé chez nous et dont la conduite ne fut pas irréprochable (abandon de famille) n'aurait pas obtenu sa naturalisation : donc sa descendance, tout en bénéficiant d'une carte de séjour, n'aurait pas non plus eu la nationalité française - sauf à accomplir un long et pénible parcours aministratif à l'issue toujours incertaine. Peut-être que dans ces conditions, la vie politique française aurait été privée du concours de Nicolas Sarkozy - tout comme de celui des époux Balkany. S'en serait-elle remise, surtout sans ces derniers? Nous ne rejoindrons évidemment pas les séides de l'extrême droite qui renvoient sans cesse Sarkozy à ses "origines" pour lui contester toute légitimité. Nous avons simplement rappelé à quel point sa "réflexion" à cet égard était à double tranchant.

benjamin borghésio

 

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  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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