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Le blog de benjamin borghésio
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2 juin 2015

Ces "socialistes" qui détestent que les enfants du peuple réussissent par le travail...

et qui, pour faire des économies, leur mettent des bâtons dans les roues.

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Les deux éléments se télescopent, mais le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait désordre.

saalD'une part, Agnès Saal, la voleuse épinglée par hasard pour avoir dépensé des milliers d'euros en frais de taxi (dont 7.000 au profit de son fils qui de près ou de loin n'avait rien à voir avec l'INA qu'elle dirigeait) est recasée au ministère de la Culture par Fleur Pellerin. Ca devait passer, ça ne passe pas, et il se dit que Hollande en veut beaucoup à sa Ministre, pas pour la faute morale mais pour le scandale engendré. Saal fait partie de la caste, il fallait donc la protéger envers et contre tout et éviter qu'elle n'assume les responsabilités de ses turpidudes. La révélation de son recyclage après celle de ses détournements entraîne avec retard, sous le poids de l'opinion, des poursuites par la ministre de tutelle, mais pas par sens de la justice: juste pour limiter le scandale.

2Pour être objectif, signalons que les "socialistes" ne sont pas, et de loin, les seuls à agir ainsi. L'UMP n'était pas en reste avec le Prince Jean qui, en seconde année de fac de droit, devait diriger l'EPAD de la Défense. Et on demeure attendri devant les multiples turpitudes des Balkany, entre autres. Quand en outre on lit les ouvrages qui témoignent de la vie politique sous Nicolas 1er, on est saisi par l'impérieuse nécessité exprimée par les ministres d'une part (Bachelot, Le Maire, Frédéric Mitterrand) et des collaborateurs de l'exécutif par ailleurs (Benamou, Camille Pascal, etc.), exprimée sous forme de postulat, de recaser ces derniers à un poste digne d'eux mêmes (ça signifie: leur trouver une sinécure très bien payée). Pour des gens qui ne cessent de prôner la nécessité de prendre des risques, de faire preuve de courage (comprenez:  sabrer les pauvres et les précaires), de casser les rentes de situation (pour les salariés, jamais pour les actionnaires ou les PDG), c'est piquant. Il faut assouplir le code du travail (traduction: le réduire à néant), casser les freins de l'économie (traduction: faire de la précarité extrême associée à la paupérisation le dogme absolu) mais entre soi, on se garde bien de la moindre prise de risques.

De la droite, on n'attend rien. De ceux qui osent encore s'appeler "socialistes" on peut à bon droit espérer un comportement sinon révolutionnaire, du moins un peu moins cynique.   

latranLe quinquennat de Sarkozy fut un des pires moments pour le service public de l'education. Paupérisation accrue des enseignants, à tel point que les concours de recrutement ne permettent plus de pallier les départs en retraite malgré un abaissement consternant du niveau d'exigences ou - le phénomène est récent - les démissions en cours d'année en nombre croissant, après la suppression de la formation pratique avant d'entrer en fonction, les agressions verbales aussi haineuses que paradoxales (se souvenir du discours du Latran, quand Sarkozy, délibérément, plaça l'instituteur très en deça du curé, du rabbin, du pasteur... ce qui ne manque pas de sel quand en 2012 il se veut le chantre d'une laïcité pure et dure).

Mais dans cet univers fait d'hostilité et de mesures aberrantes (le "socle commun de compétences au collège!") on ne pouvait qu'approuver quelques mesures de bon sens, même si leur mise en application relevait de l'homéopathie sur le plan quantitatif.

intParmi celles-ci, la création des internats d'excellence et de la réussite qui permettaient à des enfants des catégories populaires ayant la volonté de travailler, ou étant en situation potentielle de décrochage - philosophie du projet: agir avant ce dernier parce qu'après en général, c'est fichu - d'étudier dans des conditions saines. Environnement calme loin d'une quartier souvent hostile aux bouffons qui apprennent, enseignants motivés recrutés après une sélection rigoureuse (peu d'avantages matériels, mais la quasi certitude de pouvoir faire son travail dans des conditions normales - d'où afflux de candidatures), soutien pour l'apprentissage des leçons, pour les révisions, pour les mises à niveau ponctuelles, activités culturelles et sportives variées, etc. Quand l'élève rentre pour la fin de semaine dans sa famille, les parents qui, souvent, n'ont pas la possibilité de le contrôler ou d'aider leurs enfants n'ont pas à s'en soucier.

Décision du premier ministre de l'éducation de Hollande, Vincent Peillon? Pour faire quelques économies, il tailla dans le vif et réduisit de façon drastique le nombre de places dans ces internats. Normal, peu de bobos y envoient leur progéniture, et ils aidaient essentiellement les fils et filles du peuple à s'en sortir.

Seconde mesure positive, prise sous Sarkozy (il faut tellement chercher pour en trouver, dans quelque domaine que ce soit, que quand on met le doigt dessus on se sent comme un orpailleur qui déterre une grosse pépite): les bourses d'excellence réservées aux étudiants d'origine modeste ayant obtenu le bac avec une mention très bien, qui recevaient une allocation de 1.800 euros par an...

boursCela leur permettait d'éviter environ 200 heures de petits boulots pénibles et payés au lance-pierre (plus les temps passé en transport pour s'y rendre) et quand on doit étudier, surtout quand on a la volonté de le faire consciencieusement, c'est énorme.  Dans le courant de l'été de l'année précédente, la seconde ministre de l'éducation de Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, pondit dans la plus grande discrétion une circulaire publiée au Bulletin officiel de l’Éducation nationale qui annonçait la suppression pure et simple de ces bourses pour les bacheliers de l’année, qui avaient programmé leur année universitaiire en tenant compte de ce paramètre. Recours devant la justice, victoire. Furieuse, la ministre fut contrainte de payer, la rage au coeur (le pire étant que cette allocation ne représente à peu près rien  - environ quinze millions d'euros - en proportion de l'énorme budget qu'elle administre si, pour les intéressés, c'est plus que substantiel.) La ministre commence par jouer la montre avant d’être obligée de plier et de payer.

nvbElle ne peut donc pas la jouer à la hussarde, trancher à la hache. Alors elle procède de manière feutrée. Pour la rentrée de cette année, le montant des bourses au mérite passe de 1 800 à 900 euros par mois avant sans doute d'être encore diminué les années suivantes. Rappelons que ces bourses ne sont attribuées qu'aux étudiants méritants ET modestes puisqu’ils doivent déjà être boursiers par ailleurs. On aurait pu penser qu'une ministre qui se targue d'avoir, dans son enfance, gardé les chèvres quand elle sortait de l'école, et qui dut surmonter ce handicap social pour réussir serait sensible à la dureté de la condition étudiante... Que nenni.

Avec les abus du genre de ceux commis par Saal (parce que pour un qui est connu, combien sont discrètement étouffés?), combien pourrait-on fnancer de bourses au mérite pour aider des étudiants de condition modeste, motivés pour réussir?

benjamin borghésio

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  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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