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Le blog de benjamin borghésio
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24 mai 2015

Question amérindienne en Guyane... Halte à la démagogie, place à la vérité!

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cam4C'est tout à fait dans l'air du temps, de défendre les populations autochtones qu'on pare de toutes les vertus (surtout quand on ne les connaît que par des lectures ou des racontars) en faisant litière de la vérité.

Cet article de France Guyane ne manque pas de saveur, quand on connaît justement cette vérité (pour ma part, j'ai vécu plusieurs années à Camopi dont il est beaucoup question, après y avoir effectué de nombreuses missions professionnelles) Et contrairement à ce qu'affirment des ethnologues de pacotille, je suis convaincu que les Amérindiens sont... des êtres humains avec tout ce que cela suppose de qualités, mais aussi de défauts. Pas plus, pas moins.

Mais voyons ce que déclare l'ONAG...

L'organisation des nations autochtones de Guyane a saisi le comité pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd) de l'Onu. Elle veut contraindre la France à reconnaître les droits spécifiques des autochtones.
Lors de la 86e session du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies, qui s'est tenue les 28 et 29 avril à Genève, en Suisse, la France présentait son rapport sur le situation des droits de l'Homme sur le territoire national. À cette occasion, l'Onag (Organisation des nations autochtones de Guyane) a établi un « rapport alternatif » de 22 pages qu'elle a soumis au comité pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd), organe du Haut commissariat aux droits de l'Homme. Il s'agissait, pour l'Onag, de dénoncer la non prise en considération « des droits différenciés des peuples autochtones » par l'État français et de demander au Cerd qu'il se prononce sur le cas précis de la Guyane.
Pour établir son rapport, Florencine Édouard, la coordinatrice de l'Onag a reçu le concours de Karine Rinaldi, docteur en droit international et experte en droits des peuples autochtones. D'entrée, les deux femmes affirment que la France viole l'article 1er de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale en refusant de reconnaître aux peuples autochtones « des droits fondamentaux qui leurs sont pourtant inhérents ». Dans une seconde partie, le rapport s'attache à d'autres « violations des droits » tels que le droit à la propriété, le droit à la santé et le droit à l'éducation.

« DES SITUATIONS DE DISCRIMINATIONS CONSTANTES »

Enfin, le rapport se conclut par des « recommandations à l'État français » . L'Onag y réclame notamment des statistiques ethniques afin d'adapter les politiques publiques. Elle demande aussi la reconnaissance « du droit fondamental au territoire traditionnel » . Plus largement, elle demande à la France d'adapter ses lois et ses principes au droit international.
L'Onag semble avoir été entendue puisque dans son rapport, le Cerd note : « En matière de reconnaissance de droits collectifs spécifiques pour les groupes ethniques, le refus de la France semble irrecevable en l'état du droit international public » . De même, dans ses conclusions suivant le rapport présenté cette fois par l'État, le Cerd estime que « les minorités autochtones vivent toujours des situations de discriminations constantes » en raison de la non application de la convention des Nations unies sur les peuples autochtones. L'un des membres du comité n'hésite pas parler de « racisme latent » .

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Pourquoi c'est du grand n'importe quoi.

6a00d8341c710a53ef014e5f2074e3970c-800wiConstatons tout d'abord le comportement politique et sociétal des Amérindiens de Camopi, dont l'ethnie majoritaire, soi-dit en passant, est arrivée en Guyane au cours du XVIIIe siècle, après une longue migration depuis le Paraguay (ce qui fait d'eux un peuple venu récemment, plus tard que les Bushnengues, que les Créoles, et que toutes les autres ethnies amérindiennes de Guyane qui ne les ont pas toujours accueillis avec faveur, surtout parce qu'il se faisaient les auxiliaires des colons dans leurs tentatives de soumission des autres Amérindiens et des esclaves évadés installés dans la jungle)

Camopi est, avec Awala-Yalimapo, la seule commune guyanaise de plein exercice dont la population est exclusivement amérindienne, si on excepte des gendarmes, des fonctionnaires en mission (enseignants, surtout) et des agents détachés de l'hôpital de Cayenne. Les habitants qui ont choisi de manière positive - et pas par défaut - la francité élisent souverainement leur conseil municipal et leur maire, et depuis la création de la commune dans les années cinquante, si on excepte un court intermède récent, que ce soit aux scrutins locaux ou nationaux, ils se sont toujours prononcés sans la moindre ambiguïté, à une quasi unanimité, en faveur des politiques qui symbolisaient le plus le maintien dans le giron de la France républicaine (le RPR contre le Parti socialiste guyanais qui se veut autonomiste, par exemple). Où est le supposé colonialisme? Où est la discrimination politique?

En outre, les habitants ont toujours réclamé (à juste titre à mon humble avis) des structures sanitaires, la présence d'un poste de gendarmerie, et des écoles (au bourg de Camopi, à Zidok tout au sud du département, et récemment, à Yawapa, une classe unique qui permettait aux enfants de ce petit hameau de fréquenter régulièrement l'école: faute de canots, de moteurs en bon état et surtout d'essence, ils étaient souvent absents et de toute manière, le transport scolaire leur imposait du temps perdu et de la fatigue). Les demandes formulées par la population ont toujours été sans ambiguïté: "éducation scolaire à l'école, pour le reste, laissez-nous leur apprendre nous même les traditions et transmettre nos coutumes!"

urlEn 1997, a été ouverte au bourg de Camopi une structure d'enseignement par correspondance, qui permettait aux élèves de concilier l'enseignement secondaire (classes de collège) et la vie selon la tradition, cette structure permettant de concilier les jours et les horaires d'apprentissage avec cette vie (temps libre pendant les brulis, les nivrées, compensé à d'autres moments). Je peux d'autant mieux en parler que c'est moi qui en ai porté le projet! Ce sont les habitants eux mêmes qui, quelques temps après, ont réclamé un "collège qui fonctionnait comme les autres" avec des horaires fixes, ce qui interdisait justement le maintien des coutumes locales! Où est la discrimination éducative?

Quand Camopi fut érigée en commune de plein exercice, la situation sanitaire des Wayãpis et des Tekos (aussi appelés Emerillons) était désastreuse, au point que d'aucuns prédisaient l'extinction des deux ethnies à très court terme. Soixante ans après, la natalité est en plein boom, la mortalité infantile n'est pas supérieure à celle du reste de la région, la population ne cesse d'augmenter. Où est la discrimination sanitaire?

Ce sont les Amérindiens du bourg de Camopi qui ont réclamé en toute priorité l'installation d'émetteurs de télévision. Qui ont utilisé une part des crédits alloués à la commune pour faire bâtir un... presbytère (alors que l'école manquait de locaux). C'est un des principaux Chamans, gardien de la tradition qui voulait que les élèves de l'école portent... un uniforme scolaire en lieu et place du kalimbé et qui a envoyé ses propres enfants étudier à St-Georges, en les plaçant dans un internat catholique. Qui a organisé la déculturation? 

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Habitations du bourg construites sur fonds public. Qui se prend en main? Qui dédaigne le mode de vie traditionnel?

6a00d8341c710a53ef0147e27b7a62970b-800wiDiscours récurrent, à la fois de la part des Amérindiens et surtout de ceux qui se sont autoproclamés leurs défenseurs en maniant les raisonnements à deux balles, concernant l'orpaillage sauvage qui ravage l'écosystème et limite considérablement les ressources de chasse et de pêche, causant en outre des pollutions majeures (mercure, mais surtout boues en suspension).

C'est la stricte vérité, mais pourquoi ne pas signaler que le maire du village (un Amérindien bien évidemment) a été condamné à de la prison - après avoir été maintes fois averti par les autorités avant les poursuites - pour avoir ouvert un site d'orpaillage sauvage en utilisant entre autres... le canot qui lui a été offert par Sarkozy, Président de la République, en courte visite dans la commune et en faisant travailler - en les exploitant de façon indigne - des clandestins  brésiliens qu'il avait recrutés? Pourquoi ne pas dire que de nombreux jeunes se font aussi de l'argent facile en ravitaillant les garimpeiros? Dans ces conditions, où est la crédibilité?

 

6a00d8341c710a53ef014e5f206bcf970c-320wi

Conséquences de l'orpaillage

cam3Alcoolisme ambiant souvent évoqué, qui serait à l'origine d'une résurgence des cas de suicides. Tout d'abord, on signalera que ces suicides ont toujours existé dans cette société, le "passage" vers l'autre mode étant indiniment moins "tranché" que pour nous, selon les croyances animistes propres à l'Amazonie (on peut le déplorer évidemment, la mort d'un être humain étant toujours dommageable, surtout quand c'est celle d'un jeune plein d'avenir) Ensuite pour l'alcoolisme... Signalons qu'alors que les commerçants brésiliens situés sur la rive opposée à Camopi s'imposent une certaine autodiscipline (situés en zone FUNAI, ils pourraient être expulsés manu militari en 24h en cas d'abus), pourquoi nier que c'est une épicerie implantée dans le bourg, créée par un Amérindien entreprenant, qui vend des litres et des litres de tafia alors même que depuis des décennies, cette commune était en zone d'accès très règlementé (autorisation préfectorale donnée au compte gouttes à d'éventuels visiteurs pour protéger les autochtones des maladies contagieuses et... de l'alcool), et que c'est par leur volonté formelle que cette règlementation est abolie pour le bourg de Camopi? Où est la logique? pourquoi aussi rejeter systématiquement l'intégration dans le parc régional de Guyane qui apporterait des emplois, des connaisances accrues sur les ressources et une meilleure surveillance de la jungle aux alentours?  Qui se prive volontairement de protection?

Abordons maintenant cette supposée revendication de statistiques ethniques. Il est curieux que les mêmes progressistes qui s'indignent quand on parle de les instaurer dans l'hexagone les trouveraient judicieuses en Guyane. Est-il si difficile de comprendre que cela se retournera très vite contre les Amérindiens, que si on les désigne comme tels avec des droits spécifiques (ce qui serait anticonstitutionnel) le retour de bâton sera immédiat, et on ne leur reconnaîtra aucun droit en dehors de leur "réserve" - à commencer par le droit de voter et donc d'influer sur la politique locale et nationale, de bénéficier du système d'éducation intégrée dans le réseau national  voire de l'assistance sanitaire - pour se soigner, ils devront alors compter sur des ONG internationales!

6a00d8341c710a53ef0147e27b7e10970b-800wiOn ne peut pas vouloir le beurre et l'argent du beurre. Il n'y a pas si longtemps, des Amérindiens de Guyane (Wayanas essentiellement) n'avaient pas opté pour la nationalité française. Celle-ci ne leur était attribuée que quand ils en manifestaient le désir (par déclaration à l'état civil) et les habitants de la commune de Camopi ont choisi, depuis les années cinquante, d'être français. Même les plus isolés, ceux de Zidok.

On notera que l'administration de l'état colonial (selon la terminologie habituelle) savait être pragmatique: même sur le haut-Maroni, pour les non Français, on a bâti des écoles et envoyé des enseignants à la demande des habitants qui le souhaitaient (à Antekume Pata, à Twenké-Taluwenn, plus tard à Kayodé) et pour les Français de Camopi, on a instauré (en dehors de la loi) une exemption systématique au service militaire alors obligatoire. Notons que les gendarmes en poste à Camopi emploient des canotiers locaux... payés exactement comme tout auxiliaire de gendarmerie et ça fait beaucoup, pour peu d'heures de travail puisque les pandores ont pour consigne non écrite de respecter le mode de vie traditionnel de leurs piroguiers. Notons aussi que la francité donne le droit aux allocs, au RSA  (qui remplissent les livrets de caisse d'épargne quand ils ne servent pas à acheter des caisses de tafia), avantages sociaux que personne ne rejette. Comment peut-on vouloir être français, avec tous les devoirs et surtout les droits que ça implique, et revendiquer ou laisser d'autres le faire pour soi une discrimination sur la base ethnique?

Capture2Voilà des gens qui se targuent de vouloir revenir aux sources. Mais quand le niveau de l'Oyapock monte (comme très récemment), ils sollicitent des secours immédiats de la Préfecture (qui obtempère et envoie très vite un avion militaire) ... parce que leurs abattis plus ou moins abandonnés ne donnent plus rien et faute de couac et de cassave, il leur faut du pain frais!  (nourriture traditionnelle comme chacun sait). Et parce que bien que connaissant le fleuve, ils ont fait construire de nombreuses cases, carbets et édifices publics... en zone inondable!

Alors il va falloir enfin parler le langage de la vérité en excluant la démagogie. Certains jeunes veulent des emplois salariés, ce qui suppose l'acceptation de règles de vie très différentes. D'autres, plus âgés, prétendent conserver un statut spécifique. Mais il faudra choisir, prendre ses responsabilités. Les Amérindiens du Brésil, par exemple, sous protection de la FUNAI, sont dans des réserves fermées, inaccessibles au tout venant, en principe protégées (même s'il y a des bavures, faute de moyens sufisants dévolus à la dite FUNAI, face aux énormes pouvoirs des grands fazendeiros). Seulement ils y vivent en quasi autarcie, si on excepte évidemment des actions sanitaires qui relèvent de l'humanitaire quand ils les sollicitent. Pour les autres qui ont choisi la voie de l'intégration, ils deviennent des Brésiliens à part entière...

benjamin borghésio

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Commentaires
C
J'ai vraiment l'impression d'avoir été incomprise mais je n'ai sans doute pas été claire. <br /> <br /> Tout d'abord, Benjamin, je suis globalement (sur vos différents articles) à 99% d'accord avec vous. J'essayais dans mon commentaire d'exprimer cet accord avec quelques réserves / extensions.<br /> <br /> <br /> <br /> moi > Je n'ai lu que l'article de France Guyane, pas le rapport,<br /> <br /> je ne sais donc pas si cette action est partie des habitants de Camopi, en particulier de quelqu'un dont vous savez qu'il ferait mieux de se taire.<br /> <br /> <br /> <br /> moi > le "comité pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd) de l'Onu" promeut donc la discrimination.<br /> <br /> Je trouve cela ironique, pas vous ? <br /> <br /> <br /> <br /> moi> créoles ...<br /> <br /> vous> vous avez une vision un peu... primaire, je dirais, de la société créole et on ne saurait vous le reprocher car c'est le discours dominant... <br /> <br /> Je crois que là j'ai fait une erreur : en métropole, quand on parle de créoles, on pense aux "grands blancs", aux békés de Martinique. Et je plaisantais en parlant de leurs droits.<br /> <br /> <br /> <br /> vous> Pour les Amérindiens, je ne prétends pas les contraindre à "vivre dans des réserves!" <br /> <br /> C'est bien ce qui me semblait ! vous leur demandez juste d'assumer leur choix, contrairement à certains activistes de la cause des peuples autochtones qui trouvent que le choix de la modernité n'est pas valable, et forcément la faute de ... au choix (a priori la France). Pour ma part, comme je l'ai écrit, j'ai du mal avec les réserves, comme vous.<br /> <br /> <br /> <br /> Je trouve triste qu'après les années que vous leur avez consacrées, vous soyez aussi amer. Je sais que vous avez essayé de rendre possible un développement raisonné, en <br /> <br /> vous> permettant aux élèves de concilier l'enseignement secondaire (classes de collège) et la vie selon la tradition, cette structure permettant de concilier les jours et les horaires d'apprentissage avec cette vie (temps libre pendant les brulis, les nivrées, compensé à d'autres moments). <br /> <br /> <br /> <br /> La fausse générosité et la grande lâcheté de l'état semble les avoir dans un état de dépendance, un quart-monde assisté dont il est difficile de sortir. <br /> <br /> <br /> <br /> En espérant ne pas avoir introduit d'autres éléments ambigus, cordialement<br /> <br /> <br /> <br /> Cathmic
C
Je n'ai lu que l'article de France Guyane, pas le rapport, mais j'ai du mal à comprendre comment le "comité pour l'élimination de la discrimination raciale (Cerd) de l'Onu" est concerné par : <br /> <br /> -"la France viole l'article 1er de la convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale en refusant de reconnaître aux peuples autochtones « des droits fondamentaux qui leurs sont pourtant inhérents » "<br /> <br /> - "la non prise en considération « des droits différenciés des peuples autochtones » "<br /> <br /> <br /> <br /> On ne peut qu'en conclure que ce comité promeut la discrimination (positive, bien sûr).<br /> <br /> <br /> <br /> Intéressant dans votre article : peuple "autochtone" arrivé après les créoles. Ne faudrait-il pas un comité pour soutenir les droits des créoles (encore plus autochtones, donc) à siroter des ti punch sous la véranda, et à posséder des esclaves (au nom du droit à un mode de vie traditionnel) ?<br /> <br /> <br /> <br /> Mais je ne crois pas qu'on puisse reprocher cette démarche aux habitants de Camopi, qui ont l'air d'avoir fait le choix de l'intégration, même si ils ont des difficultés à en appréhender les contraintes. J'ai souvent l'impression que les dirigeants des organisations communautaristes sont des descendants "d'aristocrates" de cette communauté qui cherchent à recréer leur pouvoir héréditaire via ces revendications en faisant appel à notre mauvaise conscience.<br /> <br /> <br /> <br /> En ce qui concerne les peuples autochtones (et à mode de vie précaire), les forcer à vivre dans des réserves et à garder leur mode de vie traditionnel me fait penser aux zoos humains de l'exposition universelle. Une (longue) période d'adaptation doit leur être proposée, mais ils ont le droit d'entrer dans la vie moderne (oui, avec la télé mais aussi les écoles et les hôpitaux). Dans une France dont on ne reconnait que les atouts touristiques, nous pourrions être poussés à respecter nos traditions, par exemple béret et baguette sous le bras !
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  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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