A propos des limitations de vitesse... Arrêtez de nous emmerder!
C'est en 1973, d'ailleurs davantage pour des contraintes liées à l'approvisionnement en pétrole après la guerre du Kippour et l'embargo mis en place par les pays du Golfe que pour des raisons de sécurité, que la vitesse a été limitée à 90km-h sur les routes françaises (sauf indication contraire)
En quarante ans, avec les progrès techniques inimaginables il y a peu, le port de la ceinture obligatoire et d'autres facteurs objectifs, des accidents qui n'auraient pas laissé la moindre chance aux passagers de l'époque sont évités de nos jours, ou ils ne se traduisent que par de la tôle froissée, voire par un véhicule définitivement bon pour la casse mais dont les occupants ne sont pas sérieusement blessés.
De la même manière, la voirie a été aménagée sur la plupart des points qui posaient problème, les ronds-points ont remplacé nombre de carrefours pour diminuer leur dangerosité (il y a même une hyper-inflation de ce type d'ouvrages, les entrepreneurs de BTP et les édiles locaux s'entendant souvent fort bien sur le dos du contribuable).
En clair, rouler à 90 km-h en 2014 est infiniment moins dangereux que rouler à cette vitesse il y a 40 ans... en outre, les véhicules ont diminué leur consommation moyenne de 50% environ. Dans le même laps de temps, le nombre de morts sur la route a été divisé par quatre, ce qui constitue un succès remarquable - et les efforts en ce sens doivent bien sûr être poursuivis, voire amplifiés.
Mais ce n'est pas une raison pour nous emmerder, avec ce projet inepte concocté par le gouvernement, qui s'est mis en tête de vouloir abaisser la vitesse autorisée de 90 à 80 km-h sous prétexte que les distances de freinage seront réduites et les chocs éventuels moins violents.
Parce qu'à ce compte là, 70 km-h, ce serait encore plus satisfaisant, et pourquoi pas 60, 50, 40 en attendant qu'on interdise carrément la circulation? Des Khmers verts en rêvent, Hollande montre le chemin.
Entendons nous bien: l'auteur est un farouche défenseur de la limitation à 90km-h au nom des avantages acquis (en temps que piéton et cycliste, pas protégé par une carosserie), et il est un fervent partisan de la répression des excès de vitesse.
Mais il estime qu'avant d'emmerder les conducteurs avec une contrainte supplémentaire (alors même qu'on parle de simplification massive des normes qui nous briment au quotidien, cherchez l'erreur) il faudrait faire respecter ce qui existe avant de créer de nouvelles interdictions.
Le 50km-h en ville, par exemple, est purement virtuel et son excès n'est quasiment jamais sanctionné. Or rouler à 70 km-h dans une agglomération, si on est face à un petit garçon qui traverse intempestivement pour courir après son ballon, c'est mettre 20m de plus pour marquer l'arrêt et cette différence, c'est celle qui existe entre la vie et la mort d'un gosse.
On parlera aussi de la conduite sous l'emprise de l'alcool ou de drogues variées (en expansion constante), de la conduite sans permis (qui incite au délit de fuite en faisant n'importe quoi), du respect de la priorité, des distances règlementaires, et toute cette sorte de choses. Bref, faisons respecter les règles existantes, et cessons d'en inventer sans cesse de nouvelles.
Il serait temps que les ministres, de quelque bord qu'ils soient, ne se sentent pas obligés de créer une loi pour entrer dans le cénacle de ceux qui (croient-ils) auront politiquement compté. Gouverner efficacement, c'est davantage une affaire qualitative que quantitative.
benjamin borghésio
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