Irak - La France n'a plus les moyens de sa politique et elle doit en tenir compte

Quelle que soit la gravité de la situation.

Rappel: depuis quelques semaines des intégristes particulièrement dingues en plus d'être d'une férocité sans nom, tentent d'établir un "califat", nouvel état islamique à côté duquel celui qu'avaient essayé de mettre en place les Talibans d'Afghanistan apparaît comme une douce et riante démocratie: ces cinglés d'Allah égorgent, pendent ou fusillent quiconque n'a pas une vision particulièrement rigoriste de l'Islam sunnite (accessoirement, on continue de faire des risettes aux Emirats et à l'Arabie saoudite qui les soutiennent en sous-main), vision en contradiction totale avec le Coran, soit-dit en passant.

Ces derniers jours, les USA sont intervenus de façon très mesurée (quelques frappes aériennes ciblées) pour tenter de réparer une fraction de l'invraisemblable gâchis créé par leur intervention fondée sur un des plus grands mensonges d'état de tous les temps: les supposées "armes de destruction massive" qu'aurait détenues S. Hussein.

Exode en Irak

Les Chrétiens d'Orient sont les plus touchés (car les Kurdes sont relativement bien armés et disposent de retranchements naturels dans des zones montagneuses).

On en arrive au point où, rançonnés, rackettés et le plus souvent massacrés, ils regrettent amèrement la dictature implacable de Saddam Hussein qui les a toujours protégés contre un engagement tacite de ne pas faire de politique... Des décennies durant, ils ont vécu de manière relativement paisible, libres de prospérer économiquement tout comme d'envoyer leurs enfants faire des études supérieures, accédant ainsi à des postes équivalents à ceux auxquels pouvaient prétendre les Musulmans. C'est leur "libération" qui a précipité les persécutions dont ils sont victimes, d'abord par les Chiites puis par ces dingues venus de partout et nulle part. Comme quoi l'exportation de la démocratie sous sa forme occidentale ne fonctionne que rarement quand elle est imposée par une invasion précédée d'un déluge de feu, responsable de la mort de 100.000 civils au moins, et qui prive un pays de toutes ses infrastructures..

Chrétiens fuyant Mossoul, avec juste quelques kilos de bagages

Comment procède habituellement la France quand le terrorisme d'état s'instaure? "On y va" tout d'abord, puis on demande après à nos "alliés" européens de nous soutenir - ce en quoi, à de rares exception près, on essuie un refus ironique, voire des rebuffades. Non seulement nous payons le prix du sang - ce sont nos soldats qui risquent leur peau - mais nous passons seuls à la caisse sur un fond de crise économique et financière (le budget des OPEX, opérations extérieures, a, été en 2013 le triple de ce que le gouvernement avait prévu).

En Lybie, par extraordinaire, nous avons eu le soutien des Rosbifs et (de façon marginale) des Italiens surtout préoccupés par leur proximité géographique, affolés à l'idée de voir débarquer des dizaines de milliers de boat people en Syrie mais personne n'a "fini le travail" (en récupérant les innombrables armes disséminées dans les zones tribales, et depuis récupérées par les terrorristes de tout poil).Cette guerre décidée par Sarkozy pour des raisons en grande partie électorales fut particulièrement mal conclue.

Sinon, les opérations contre les actions terroristes en Afrique (Mali, RCA en attendant le Niger et le Tchad) sont de notre seule responsabilité, quand l'Europe tout entière bénéficie du bouclier qu'on lui fournit ainsi contre Aqmi et les autres fous de Dieu. Notons enfin que contrairement aux pays cités précédemment, l'Irak n'a jamais fait partie de la zone d'influence française, puisqu'il était sous mandat britannique jusqu'à son indépendance.

Qui est la plus grande donneuse de leçons, en Europe,  en matière de respect des contraintes budgétaires? L'Allemagne bien entendu... dirigée par un pouvoir dont la majorité, de nature confessionnelle (la CDU, la CSU sont des partis chrétiens démocrates) devrait se sentir directement concerné par le sort des Chrétiens d'Irak... et qui, aux appels de Hollande pour que l'Europe prenne sa part du fardeau, a répondu par un silence ironique.

Curieusement, les états européens de nature ouvertement confessionnelle ne se mobilisent pas comme la France, régime fondé sur la laïcité

La France n'a pas vocation à devenir un modèle réduit de l'Oncle Sam, à intervenir partout dans le monde à ses frais et en s'exposant (le faisant, elle se crée toujours plus d'ennemis qui s'en prennent régulièrement à ses ressortissants pris ici ou là comme otages par des groupes terroristes avant que ces derniers ne viennent, bientôt, frapper en masse sur le territoire).

Oui, et sans tergiverser, au soutien aux Chrétiens d'Irak, mais que Hollande commence par faire une déclaration solennelle, précisant que la France prendra toute sa part dans cette affaire, mais dans le cadre exclusif d'une opération européenne, et à frais partagés. On verra alors clairement qui fait preuve de compassion et qui fait preuve d'indifférence et de cynisme. Rappelons qu'à ce jour, une grosse moitié des états de l'UE se situe dans la mouvance chrétienne démocrate. Il serait temps qu'au delà des mots, cela se traduise par des actes (la Pologne serait davantage fondée à intervenir en ce sens, même de manière symbolique, qu'en soufflant sur les braises du conflit ukraino-ukrainien).

benjamin borghésio