Crimée, ou comment on manipule l'opinion

Personne, parmi les gens sérieux, ne nie que la Crimée est russophone et russophile à 80% que Sébastopol est inclus dans le code génétique de la Grande Russie, et que cette péninsule ne fut rattachée administrativement à l'Ukraine que peu de temps, par Kroutchev qui avait pris une simple décision administrative au temps où Russie et Ukraine étaient unis dans l'URSS.

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En écrivant cela, je ne fais qu'énoncer une vérité fondamentale. Ajoutons que la base navale de Sébastopol, vitale pour la Russie, a été louée par l'Ukraine jusqu'en 2042 contre la livraison de gaz naturel à des prix plus que préférentiels.

Obama laisserait-il remettre en cause, avec le sourire, sa main mise sur les bases de Diego-Garcia ou même de Guantanamo, cette dernière étant située à... Cuba?

"Libérateur" de l'Ukraine

(ci-contre: Russes de Crimée réclamant leur rattachement à leur nation) Le gouvernement de Kiev (Timochenko, puis Ianoukovitch et ses successeurs autoproclamés, soutenus par des néo-nazis) a jugé bon de brimer la très grosse minorité russophone (40% de la population, mais... 55% du PIB) en particulier en multipliant les obstacles qui permettaient l'enseignement et la pratique de la langue russe. Ce faisant, ils se sont durablement aliénés ces populations, et le phénomène est d'autant plus patent en Crimée.

Le pouvoir régional de Sébastopol a annoncé sa volonté d'obtenir une très large indépendance, voire le rattachement définitif à la Russie et il organisera dans les semaines à venir un référendum auprès de sa population. Et les bonnes âmes occidentales de hurler que remettre en cause l'intangibilité des frontières, c'est "contre le droit international", un "acte de piraterie", j'en passe et des meilleures.

Dans ces conditions...

- Au nom de quoi l'Union européenne a-t-elle soutenu la partition yougoslave? (de manière anticipée, ce qui déclencha un horrible bain de sang: on sait désormais que c'est la reconnaissance très anticipée de la Croatie par l'Allemagne sans discussion préalable sur les frontières qui a mis le feu au poudre; on sait aussi que tous les camps - et pas les "vilains Serbes" ont fourni leur lot de criminels contre l'humanité: Mitterrand tant critiqué par ailleurs avait vu clair sur ce point, il est vrai que c'était un homme qui connaissait l'histoire). Mention spéciale pour la séparattion du Kosovo imposée à la Serbie, alors que le Kosovo est le berceau culturel de la Serbie, et qu'à l'époque chacun savait que les dirigeants kosovars étaient une bande de mafieux impitoyables.

- Au nom de quoi a-t-on soutenu la sécession du sud-Soudan?

- Au nom de quoi a-t-on laissé se créer un Kurdistan indépendant sinon dans les faits, du moins en pratique?

- Au nom de quoi, précédemment, la France a-t-elle gardé Mayotte quand les Comores ont accédé à l'indépendance?

Il n'est absolument pas question de se déterminer en fonction de la personnalité de Poutine. Les Criméens veulent être russe, ils en ont marre de cette Ukraine qui les pressure sans rien leur apporter, qui nie leur histoire et leur culture. Ils veulent revenir au sein de la mère patrie tout comme les Sarrois en leur temps ont voulu revenir en Allemagne malgré le contexte tendu des années trente... Tout simplement parce qu'ils n'étaient pas français. Au lieu de nier l'évidence, on ferait mieux de négocier sur ce qui est négociable - à savoir veiller à ce que la minorité ukrainienne qui demeurera en Crimée soit mieux traitée que les Russophones ne le sont dans toute l'Ukraine. Parce qu'à force de finasser (ce que fait Merkel pour garder son gaz à un prix raisonnable tout en augmentant son potentiel de main d'oeuvre à très bas coût pour soutenir sa "compétitivité"), à force de gesticuler de façon idiote comme Ashton et Hollande, on risque de ne rien obtenir de ce côté ou pire, de voir toute l'Ukraine de l'Est, russophone, accéder à l'autonomie, ou l'indépendance, voire à se rattacher à la Russie.

Rien à voir (quoique...) "la Commission place la France sous surveillance renforcée" tout en accordant, le même jour, 11 milliards cash d'euros d'aide au régime corrompû de Kiev. (quote part de la France, environ 3 milliards: le citoyen français a-t-il été consulté? Quand on le pressure de tous côtés, appréciera-t-il cette générosité à bon compte, dès lors que cette somme est versée sans exigences précises pour que ce pays quitte la tête des plus corrompus de la planète?)

benjamin borghésio

EDITION, LE 8 MARS

"Jean-Pierre Chevènement, sénateur du Territoire de Belfort, estime samedi qu’il n’y pas de raison d’ouvrir une nouvelle Guerre froide en Europe à propos de l’Ukraine et de la Crimée "historiquement russe".
"Il y a trop d’interdépendance entre nous pour qu’on ne puisse pas chercher la voie d’une solution durable", dit-il encore en indiquant qu’il ne voit "pas pourquoi l’Ukraine ne pourrait pas être un pays fédéral".
"Il ne fallait et il ne faut pas mettre l’Ukraine devant cette alternative manichéenne : soit la Russie, soit l’UE", regrette-t-il car "c’est un dilemme insoluble pour l’Ukraine compte tenu de son histoire".
"A propos de la Crimée, Jean-Pierre Chevènement souligne que «personne ne peut contester qu’historiquement elle est russe. Sa population est majoritairement russe". "Une autonomie substantielle est dans la nature des choses", estime-t-il en citant le général de Gaulle qui disait qu'"il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités".