Choc de simplification, qu'ils disent...
On a envie de leur répondre: "arrêtez de nous prendre pour des billes, mettez vos engagements en accord avec vos actes!"
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Un exemple: tout le monde ou peu s'en faut est d'accord avec la simplification du mille feuilles administratif, dont s'est emparé Hollande... qui quelque mois auparavant a fait rétablir la compétence universelle à toutes les collectivités.
La compétence universelle, Kesaco? C'est la possibilité, pour une collectivité, de faire ce qu'elle veut de l'argent du contribuable pour peu qu'une délibération de son assemblée l'y autorise, en foi de quoi des régions financent d'obscures actions de développement au Burkina-Fasso ou au Cachemire (ce qui permet d'organiser moultes voyages et "missions" pour ses élus et ses haut-fonctionnaires) quand elles restreignent les crédits affectés à la rénovation de leurs lycées, de leur responsabilité directe. Supprimer cette compétence universelle, c'est définir qui fait quoi exactement, pour éviter les chevauchements, les doublons qui s'intercallent avec les carences. Le régime précédent l'avait actée* (il faut bien chercher pour trouver un acte positif dans le quinquennat de Sarkozy, ne boudons pas notre plaisir quand, à force de remuer les tonnes de boue, on trouve une pépite)... Hollande est revenu en arrière tout comme il a récemment bloqué la porte devant une suggestion portée par de nombreux experts: la suppression du département, structure obsolète à tous points de vue.
* Tout comme il avait prévu le conseiller territorial, dont les compétences étaient communes pour la région et le département: seul son mode de désignation (scrutin uninominal à un tour) était scandaleux... On pouvait fort bien retenir le concept en prévoyant un mode de désignation calqué sur celui des actuels conseillers régionaux, qui permet une représentation démocratique des forces en présence tout en préservant l'existence d'une majorité de travail.
Entrons dans les détails de la vie quotidienne. Tous les spécialistes en addictions d'accordent pour dire que vapoter (utiliser la cigarette à vapeur) est infiniment moins dangereux que fumer, que cela constitue en outre un moyen utile pour sortir du tabac sans trop de frustration. C'est sans doute pour cela que le Ministère de la Santé met toujours plus d'obstables au vapotage! (ou alors, y-a-t-il un calcul cynique, qui consiste à tabler sur la réduction de la durée de vie des fumeurs pour contribuer à l'équilibre du régime des retraites?)
Encore un exemple révélateur de ce plaisir que chaque ministre semble éprouver quand il a l'opportunité de nous emmerder davantage... les limitations de vitesse. 2013 a été une réussite en ce qui concerne la baisse du nombre de morts provoquées par des accidents routiers. On sait que désormais, la vitesse en soi n'est plus le facteur principal de danger (un choc à 90km-h, avec les voitures construites au XXIe siècle n'a plus grand chose à voir avec le même dans les voitures d'antan), que les excès de vitesse sont le plus souvent le fait de conducteurs sous l'emprise de l'alcool ou des stupéfiants - qui, circonstances aggravantes, circulent de plus en plus sans permis, qu'un dépassement de 10km-h en ville a infiniment plus de conséquences mortifères que le même à la campagne - mais on ne contrôle quasiment jamais la vitesse dans les grandes villes.
Dans ces conditions, la logique voudrait qu'on fasse davantage respecter les limitations existantes (surtout qu'à cet égard la peur du gendarme commence à bien fonctionner), que l'on traque davantage les conduites sous emprise d'alcool et/ou de stupéfiants, sans permis. Bref, qu'on veille sans faiblesse à faire appliquer le dispositif existant. En foi de quoi Delanoé a décidé d'emmerder des millions d'usagers en réduisant la vitesse sur le périphérique (qui passera de 90 à 80) et Valls de l'ensemble des automobilistes - surtout ceux qui n'ont pas les moyens de régler des frais de péages délirants - en faisant passer la vitesse limite de 90 à 80 sur les routes nationales et secondaires.
Même en mettant de côté les aberrations qui résultent de ces projets - et de bien d'autres - est ce réellement quand on pressure les Français d'impôts nouveaux, que la consommation est en berne, que les emplois sont menacés par centaines de milliers, qu'il faut les emmerder davantage au quotidien? Poser la question, c'est y répondre.
Cela dit, le choc de simplification est mal parti puisque Hollande, comme ses prédécesseurs et avant ses successeurs a commencé par installer une commission chargée de faire des propositions. Il est définitivement établi en France que le Conseil économique et social (sa fonction définie par la Constitution: donner des avis au pouvoir) n'est pas plus utile que le Conseil d'Etat (à consulter sur tout projet de loi) voire que... le Parlement dont le métier est de faire la loi.
Apparemment, à quoi sera occupé ce dernier dans les jours à venir? A ouvrir de nouveau le débat sur l'IVG, au risque de provoquer de nouveau un empaillage généralisé de la société. La loi Veil n'a pas besoin d'être rediscutée, elle fonctionne vaille que vaille. Il suffit (mais ça, on s'en gardera bien) de veiller à ce que toute femme concernée trouve dans son entourage proche les moyens de recourir à l'IVG si elle le souhaite (en ce domaine il existe de véritables déserts médicaux) et de renforcer les plannings familiaux et autres structures ayant la même mission, pour éviter un nombre encore trop élevé de grossesses non désirées qui aboutissent à des IVG. Et quand les députés ne s'empailleront pas sur ce sujet, ils débattront des heures durant de l'opportunité, dans les divers textes de loi, de remplacer l'expression "en bon père de famille" par l'expression "avec sagesse". On se sent réellement gouverné...
benjamin borghésio.
Note aux lecteurs : victime d'un gros coup de blues, j'ai levé le pied pendant quelques semaines. Je tente d'émerger de nouveau en reprenant le fil de ce blog. Merci aux quelques personnes qui ont pris de mes nouvelles.