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Le blog de benjamin borghésio
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26 août 2013

Front de Gauche... Le commencement de la fin?

 

La fuite en avant de Mélenchon qui se réfugie dans l'invective et les attaques personnelles - ce qui affaiblit considérablement son propos alors que sur le fond il est très souvent dans le vrai** - encourage le Parti Communiste à reconsidérer ses alliances. Pour le plus grand mal de la vraie gauche dont la voix est indispensable dans le paysage politique français quand le PS va de reniement en reniement.

 

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** On exceptera son chavisme incompréhensible pour tout militant de gauche qui connaît la réalité venezuelienne. Non que le défunt Commandante ait été un dictateur comme ses adversaires le soutinrent contre toute logique, mais parce que rarement un régime fut aussi incompétent, pour laisser perdurer des poches de pauvreté et des inégalités béantes quand il disposait de la céleste manne pétrolière: par exemple, douze ans après la prise du pouvoir par la gauche venezuelienne, le pays importe toujours des milliers de médecins cubains au lieu de former sa jeunesse à l'exercice de cette profession. Et Chavez qui fut incarcéré des années durant est d'autant plus coupables d'avoir laissé les prisons venezueliennes dans leur état qui en fait les pires du continent, à égalité avec les prisons brésiliennes. 

 

1671962_3_f178_jean-luc-melenchon-et-francois-hollande-alors_9943a33569f1542b731de241dfcf3e1dJean-Luc Mélenchon passe désormais l'essentiel de son temps à se gausser de Hollande et de sa majorité en allant parfois jusqu'à des moqueries sur le physique, ce qui est inqulifiable, à sombrer dans l'invective personnelle vis-à-vis des membres du gouvernement, au point que passent inaperçues ses attaques au scalpel contre la guerre des chefs à l'UMP et contre  Marine Le Pen avec "son" FN (rebaptisé rassemblement Bleu Marine, difficile de faire pire dans le domaine du culte de la personnalité)

S'il est de mauvaise foi - on peut tout reprocher à Ayrault, sauf de se comporter en chatelain plein de morgue, et la réception de 300 gamins défavorisés dans le très beau parc de Matignon fut sans doute une journée de bonheur pour eux, et non pas la marque de dédain d'un hobereau local (sic), Mélenchon manie parfaitement la langue française, utilise une histoire de France et une littérature qu'il connaît à la perfection (contrairement à la plupart des technos qui composent l'exécutif, c'est un homme profondément cultivé). Bref, ses insultes portent d'autant mieux qu'elles sont étayées.

130818123911673_24_000_apx_470_Seulement cette dérive l'isole de plus en plus. Contrairement à ce qu'il imagine, le peuple n'apprécie pas la violence des mots comme cette sortie contre Valls (fils d'immigrés espagnols): "Un dur et violent qui chasse sur les terres de madame Le Pen." En foi de quoi cette dernière se hausse du col en décernant un brevet de républicanisme au même Valls, ce qui permet à certains de se poser la question: "ces deux-là, aux extrêmes, sont-ils de mêche?" Notons au passage que l'auteur de ce blog considère Valls comme un adversaire politique. Mais justement du fait de ses origines, il y a des sous-entendus à son égard qui sont inadmissibles. 

Les alliés du Parti de Gauche, les Communistes, se permettent-ils de souhaiter une autre atitude en l'appelant officiellement à refuser "la provocation et l'invective" après d'innombrables appels du pied infiniment plus discrets? Mélenchon monte aussitôt sur ses ergots: Pierre laurent est un "tireur dans le dos" et "nous avons un devoir de respect mutuel et de solidarité", a-t-il dit, ajoutant que "le Front de gauche ne supporterait pas de compétition d'ego". Un peu gonflé de sa part, lui qui monopolise la parole au nom du Parti qu'il copréside (qui a jamais entendu Martine Billard?) et du FdG qui l'associe au PCF devenu d'une discrétion de violette! Pardon, camarade Mélenchon, mais tu as attrapé le melon: quand tu parles de compétition d'egos, tu fais rigoler pas mal de monde!

hotel_de_villeIl y a une autre donnée: Mélenchon en particulier et le PG en général n'ont aucun ancrage local et de ce côté ils n'ont rien à perdre. Certes, aux dernières législatives, le leader du PG s'est présenté courageusement contre la fille le Pen, dans une circonscription gangrenée par le socialisme nordiste sous sa version la plus pourrie, et sa défaite est regrettable. Mais le fait est que le PG ne détient plus que Viry-Chatillon dans l'Essonne (dont il risque de se voir éjecter en mars 2014) quand le PCF a des bastions à conserver, qui font tout ce qu'il lui reste de force: ses mairies du Val-de-Marne, de Seine-Saint-Denis, de l'Allier, du Nord-Pas-de-Calais et du sud de la France sans lesquelles il serait rayé de la carte électorale. Il est un peu facile, pour Mélenchon, de sommer son partenaire jusque-là irréprochable de faire des sacrifices dont son propre mouvement serait naturellement exonéré faute d'avoir quoique ce soit à perdre: Mélenchon, pour sa part, trouvera toujours une liste en tête de laquelle il sera réélu député européen, à la proportionnelle.

Le PC ne peut garder ses villes qu'avec l'appui des socialistes, et ces derniers qui subiront une mémorable déculottée en mars 2014 ne limiteront les dégâts qu'en faisant alliance ici ou là sur une base de contrat de gestion locale (qui n'entraîne pas forcément le soutien à la politique nationale) avec le PCF dont les représentants sont, par leur sérieux depuis des décennies, un appoint notable sur le plan des municipales. Mais pour le PCF, s'il continue de critiquer - à juste titre! - le gouvernement, il ne peut sombrer dans l'invective, faute de quoi le PS fomentera des listes concurrentes dans tous ses bastions... et la vraie gauche sera entièrement dépouillée.

12Ça, Mélenchon et ses amis ne veulent pas le comprendre car l'état-major du PG n'est pas composé d'élus locaux. Martine Billard, coprésidente, n'est plus élue à Paris ; lui-même siège au Parlement européen. Alexis Corbière, François Delapierre (conseiller régional d'Ile de France), Éric Coquerel ne bénéficient pas d'ancrage locaux forts.

Que prépare Mélenchon au lieu de respecter les souhaits de son partenaire? Des alliances avec Europe Écologie-Les Verts, eux-mêmes de plus en plus critiques envers le PS! "Je pense que nous pouvons dès le premier tour faire des listes avec des écologistes dans de très nombreuses villes"/... "J'espère voir ça se réaliser parce que les élections municipales sont des élections locales, mais elles peuvent avoir un impact national, donc nous pourrions, à travers les élections municipales, commencer à construire cette majorité alternative que j'appelle de mes voeux", a-t-il ajouté.

907922_eva-joly-cecile-duflot-and-noel-mamere-wave-at-the-end-of-a-rally-in-roubaixSauf que EELV est un parti de bobos déconnecté des réalités qui méprise le peuple, qui ne le comprend pas, qui se méfiera en plus d'une union avec un PG dirigé par une forte personnalité tant il est lui même gangrené par des querelles d'egos et de tendances. Cohabitent (et se haïssent) les soixante-huitards attardés façon Cohn-Bendit, les ayatollahs façon Eva Joly qui mettrait la moitié de la France en taule si elle en avait le pouvoir, les apparatchiks façon Placé et Duflot (cette dernière se posant en ingénue de la politique alors que c'est une des plus rouées de la scène française, c'est savoureux), les imprécateurs façon Mamère qui se couchent toujours au final pour garder leur prébende, etc.

Cela signifierait, si le PG et EELV s'unissaient (au fait... ce dernier parti: 2.3% des voix aux dernières présidentielles... Tu parles d'un appoint!) que le PG de Mélenchon, pour satisfaire les haines recuites de son leader vis à vis non pas de la politique socialiste - ce serait compréhensible - mais de ses ex camarades à commencer par Hollande, se couperait définitivement du peuple. Quel belle perspective pour un mouvement à la gauche de la gauche! 

benjamin  borghésio

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Commentaires
B
On verra si je me trompe <br /> <br /> <br /> <br /> Et malgré tout ce qui précède, je souhaite de tout cœur me tromper car voir un parti et un front qui ont vocation à fédérer et porter les espoirs de la gauche de la gauche se ramasser aux prochaines échéances alors même que la peste brune engrangera massivement, me désespérerait. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais je suis prêt à prendre ce pari (souhaitant le perdre) que dès 2014 et 2015, sauf redressement de la barre, le PG et le FdG entreront dans la voie de la groupusculisation.<br /> <br /> <br /> <br /> Soit-dit en passant, les militants du PG auraient intérêt à écouter des sympathisants comme moi qui marquent leurs distances et qui disent pourquoi, plutôt que de s'enfermer entre convaincus dans une démarche façon Cathares qui, en s'isolant derrière les murailles de Montségur, se sont condamnés à mort. <br /> <br /> Les adversaires du PS, de l'UMP, du FdG et même d'EELV (il suffit de lire les propos de ces bobos méprisants vis à vis de la gauche), ça ne fera jamais avancer le Schmilblick.<br /> <br /> <br /> <br /> Cela dit, je voulais marquer le coup, c'est fait avec cette note. Pas question pour moi de me lancer dans une croisade contre la gauche!
T
Quant au terrorisme intellectuel et aux dérives staliniennes du parti, sur quelles déclarations se basent-ils ? Il me semble avoir manqué cet épisode...
T
Mais quelles invectives ? Quelles insultes ? Quelle outrance ? Je commence à être lassé de voir ces termes systématiquement associés à Mélenchon. Je ne nie pas qu'il a sa part de responsabilité comme je l'ai expliqué. Mais de là à lui en faire le reproche de manière quasi-permanente, cela frise le procès d'intention. Et vous allez commencer à voir de l'invective partout.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne vois pas une seconde en quoi caractériser les thématiques droitières de Valls et les situer sur le terrain du FN est insultant ou outrancier.
H
Lorsque Mélanchon a commencé à s'imposer sur la scène politique, son discours, bien que très fort, était plus modéré . <br /> <br /> Ses idées étaient séduisantes et on pouvait y croire . J'y ai cru, un moment ! <br /> <br /> -<br /> <br /> Mais il pointait déjà une certaine outrance, parfois du mépris et des gestes parfois surprenants, pour ne pas dire incongrus . <br /> <br /> J'avais plusieurs fois formulé, sur un autre blog, mon inquiétude pour ce virage inattendu, et pour cette propension à se déclarer le seul porteur de la bonne parole .<br /> <br /> Mais ma voix était bien seule ...<br /> <br /> - <br /> <br /> J'avais éspéré me tromper, la politique n'étant pas mon sujet préféré ...<br /> <br /> La suite laisse en effet craindre la disparition ou la dispersion des véritables voix de la Gauche
T
J'admets volontiers que Mélenchon tombe dans la facilité de la petite phrase de manière un peu récurrente, sous prétexte de franc-parler, et qu'en parfait hypocrite, il ose dire le lendemain qu'il s'en émeut, et le sur-lendemain que tout cela faisait partie de sa stratégie de communication destinée à piéger les journalistes. Je trouve cette attitude puérile insupportable, quoique, sur le fond, je sois comme toi, d'accord sur l'essentiel. Je trouve cela d'autant plus agaçant qu'il s'est enfermé, par sa faute, certes, mais aussi à cause de ce système médiatique pourri contre lequel nous luttons, dans le rôle de l'ordurier qui n'a rien d'autre à proposer que la supposée violence de ses mots. Et comme on sait que tout ce qui est excessif est insignifiant, il ne va plus finir que par provoquer l'indifférence.<br /> <br /> <br /> <br /> En revanche, je m'agace davantage de la tendance détestable qui consiste à trouver dans le moindre de ses propos de "l'excès" ou de "l'invective". Et là, on tombe très vite dans la tartufferie caractérisée. De nombreuses voix, à gauche s'indignent de la politique sécuritaire et droitière de Valls, et d'aucuns soulignent la continuité avec ses sinistres prédécesseurs sarkozystes (la droite s'en félicite, c'est dire !) dont il me semble que, cette fois, cela n'indignait personne d'affirmer qu'ils chassaient sur les terres du FN. Je ne vois pas une seule seconde en quoi dire la même chose d'un Valls serait inadmissible (ou emprunt de sous-entendus malsains) ; bien au contraire, ajouterais-je.<br /> <br /> <br /> <br /> Dans la phrase qui précédait, Mélenchon disait de Hollande qu'il menait une politique de droite. Curieusement, personne n'a (voulu) remarqué(er) ce détail, que personnellement, je trouve infiniment plus grave que les agitations de l'Hôtel de Beauvau ; non, on préfère gloser sur ses hypothétiques excès et invectives. Surtout à Solférino, semble-t-il.<br /> <br /> <br /> <br /> A ce propos, je comprends parfaitement que Laurent cherche à préserver des alliances avec le PS pour les élections locales ; je comprend un peu moins qu'il utilise ce ressort un peu déloyal ; et j'admets encore moins la réaction inélégante de Mélenchon à ce que j'estime être une maladresse de Laurent. D'autant incompréhensible que tout deux savent que la meute médiatique attend le moindre signe de faiblesse pour assassiner le Front de Gauche et pour désespérer tous ceux qui placent leur espoir en eux.<br /> <br /> <br /> <br /> Sur le fond du problème, deux stratégies s'opposent, et une fois de plus je n'analyse pas de la même manière les divergence entre le PCF et le PG. Y chercher une explication dans l'égo de Mélenchon et sa détestation de l'appareil Solférinien (loin d'être injustifiée), pardonne moi, mais c'est verser dans la psychologie à deux balles, Benjamin, car cela fait des mois et des mois qu'il le répète : il souhaite rassembler la gauche autour du Front de Gauche, dans un projet alternatif, et pour lui, c'est incompatible avec des alliances avec le PS. C'est une position qui me paraît se tenir debout, au moins autant que celle du PCF qui souhaite conserver son patrimoine électoral indispensable à la force et au soutien du FdG.<br /> <br /> <br /> <br /> Quoi qu'il arrive, ces divergences auraient dû être réglées, ou du moins, mises à plat par les différents partis. La meute médiatique s'est vue inutilement donnée un os à ronger sur les divergences au sein de l'alliance, qui heureusement, a eu un impact limité, tant commenter les derniers "couacs" du gouvernement leur paraissait bien plus important.<br /> <br /> <br /> <br /> Alors, oui, je suis d'accord pour condamner les excès de Mélenchon, lorsqu'ils sont réels, son hypocrisie crasse quand elle est flagrante ; mais par pitié ne tombons pas dans le systématisme névrotique et la sur-interprétation de chacune de ses phrases, il mérite, malgré tout, mieux que ça.
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  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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