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Le blog de benjamin borghésio
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20 juin 2013

Brésil (3) Le mouvement ne faiblit pas.

Quelques participations relevés sur les réseaux sociaux. Suite de l'analyse.

 

8691_593492390673689_708429904_nSans commentaire...

969980_593500704006191_1202183860_nPourquoi Globo (le réseau tentaculaire de TV, de radio et de presse) ne monre pas celà?

1000795_593480094008252_709002517_nQuand ton fils sera malade, emmène le au stade!

1000806_593475960675332_1411054252_nSi tu ne luttes pas contre ces fils de putes, tes fils et petit-fils naîtront esclaves.
Désolé pour le dérangement, nous sommes en train de faire un meilleur Brésil
Un peuple qui élit des corrompus n'est pas victime, il est complice!
Je sais que c'est difficile à croire mais le Brésil changera pour un meilleur futur

1004034_593492587340336_451502000_nIl était une fois un drôle de pays...Il n'y avait pas d'école, seulement des stades.
Personne ne pouvait protester à cause de la mainmise de la police militaire

1004574_593881673968094_764451568_nJe vous avais prévenu... La Coupe de 2014 serait le pire hold-up de l'histoire du Brésil. Vous me croyez, maintenant?

1010167_593498780673050_1516803221_nHomme se préparant à prendre un bus en 2050

3432418_3_7a85_manifestation-de-soutiens-aux-bresiliens-a_50fd6e79f77ee59ed100c72a56f6faed80% des protestataires ne sont affiliés à aucun parti politique et aucun mouvement syndical, et leur niveau socio-culturel est plus élevé que la moyenne C'est pour la plupart leur première implication sociale.

Ce sont pour beaucoup les fils et filles du peuple qui ont pu, au cours de la dernière décennie, accéder à la petite classe moyenne et à un niveau d'instruction qui déppasse le simple stade "basique". On dépasse ainsi les précédentes "émeutes de la faim" qui naissaient parfois dans le passé à la suite d'une hausse du prix du riz et se calmaient tout aussi vite grâce à une augmentation de salaire: la protesttaion analyse le désordre structurel de la société.

Outre les revendications qui ont déclenché les incidents - la hausse des prix des bus sur laquelle les pouvoirs font marche arrière - il y a (et c'est inédit à un tel niveau), une réflexion sur la corruption dont le coût est évalué à 50 milliards de dollars, sur les dépenses somptuaires (entre la coupe et les JO, de 30 à 40 milliards de dollars pour des équipements souvent éphémères).

Jose-SarneySont directement mis en cause pour la première fois avec une telle acuité les politiciens népotes et corrompus que chacun connaît au Brésil, dont Lula et Dilma n'ont pu (voulu?) se séparer: le système politique brésilien contraint à des coalitions et par exemple, le PMDB qui travaille avec le PT est dirigé par ces dinosaures de l'ère Sarney qui se maintiennent par achats de voix auprès de miséreux, et en maintenant leur population "estadual" dans un état de misère et de sous développement culturel propre à la non réflexion critique.

A São-Luis de Maranhão, sous l'impulsion du dit Sarney(ci-contre), politicien qui en son temps était parfaitement toléré par la dictature militaire (ça en dit long sur le personnage), qui s'est imposé comme vice-président du Sénat, il est plus facile d'apprendre à faire de la musique que d'apprendre à lire et on risque encore sa liberté, voire sa vie, à critiquer de manière trop ostensible les moeurs du cacique local qui a légué une partie de son pouvoir à sa fille. On comprend ainsi comment il se maintient contre vents et marée!

6482_492557334152206_701898929_nLes grandes entreprises d'abrutissement culturel sont également mises à l'index, à commencer par le groupe de télévision et de presse Globo (que Lula eut tort de ne pas nationaliser), qui réitère dans la désinformation en annonçant "50.000 manifestants" à São-Paulo, quand le cortège couvre très largement une avenue représentant deux ou trois fois, en superficie, les Champs Elysées.

Il est paradoxal de voir ces médias habituellement acharnés à employer les pires armes - y compris celles de la diffamation - contre le pouvoir petista de Lula puis Dilma se porter vigoureusement à son secours par peur de l'inconnu

Dilma é Lula e Lula é DilmaIl semble que Dilma qui, dans un premier temps, a tenté de s'émanciper de son glorieux prédécesseur l'appelle à la rescousse (rencontre médiatisée le 18 juin).

Pour la suite et malgré la croissance atone (autour de 1% ces deux dernières années), la solution passerait peut être par un gigantesque programme d'investissements fédéraux (le Brésil s'est débarrassé de sa dette publique extérieure) pour se lancer enfin dans la mise aux normes d'infrastructures calamiteuses: transports (le rail est à créer ou peu s'en faut, les routes à refaire, le transit aérien doit voir sa capacité doubler), énergie, éducation (en augmentant de surcroît les dépenses de fonctionnement: la condition de professeur est indigne au Brésil), santé, etc. Le Brésil, en retard dans tous ces domaines, ne dépense que 2% du PIB pour créer ou améliorer ses infrastructures... Autant dire qu'il recule d'année en année.

Corrupção-no-Brasil-3Autre grand chantier à engager: la simplification administrative dont on parle toujours sans jamais la réaliser.

Elle freine l'esprit d'investissement et crée toutes les conditions pour que la corruption fleurisse (quand on multiplie les échelons où cela freine, on multiplie les goulets d'étranglement où il faut payer pour avancer...). Enfin, en mettant fin aux innombrables abus dont elle bénéficie**, la classe politique doit se réconcilier avec le peuple. Ces conditions sont strictement nécessaires sans être suffisantes. C'est le socle sur lequel la "statue" Novo Brasil pourra s'élever. Directement ou indirectement, la corruption coûte cinquante milliards de dollars par an au Brésil.

** On a appris il y a deux ans que chaque député de l'Etat du Para (une assemblée locale!) pouvait embaucher aux frais du public plus de trente collaborateurs, sans avoir de compte à rendre quant à leur qualification et leur mission. La plupart, fort bien payés, n'avaient évidemment qu'un mandat fictif. Des exemples comme ça, il y en a des milliers.

Brasil_html_4cb4ffe2Quand je serai grand, je serai sénateur ou député... Moi, Président ou ministre et toi? Voleur, aussi!

Enfin, il y a le problème du maintien de l'ordre et de la répression des manifestations - même s'il est absurde de nier les progrès faits en vingt ans (à cette époque on aurait déjà déploré des dizaines de morts). Chaque état dispose de sa police civile (très corrompue, chargée des enquêtes), de sa police militaire (patrouilles, maintien de l'ordre, corrompue également et très brutale) qui dispose de bataillons de "choque" dont nombre de ses membres, mal payés, qui font un métier dangereux (quand ils l'exercent consciencieusement) sont tout aussi en cheville avec les groupes mafieux. La police fédérale n'a de compétence que pour ce qui relève des délits "interestaduais" (corruption à cet échelon, trafic d'être humains dès lors que ceux ci ont franchi une frontière interne, enlèvements, fausse monnaie, police des étrangers, etc.). Il faut encore ajouter la police "rodoviaria federal", compétente sur les routes "interestaduais". On comprend que cette complexité et cette imbrication des divers services, associées à une justice à la fois fédérale et estadual peu efficace et souvent corrompue également ne simplifie pas les choses.

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3432431_3_540c_manifestation-a-belo-horizonte-le-18-juin_eba8b0e0b6a3807b114a6d3e2f28e7efDe ce fait le "maintien de l'ordre" est assuré de manière très hétérogène selon les états, et il dépend autant du degré de formation des agents que de la volonté du gouverneur. Assez paisible dans le Mina Gerais (manifestation ci-contre), il a fait scandale par sa dureté à S. Paulo et les mauvais souvenirs liés à la dictature (qui ne datent guère que d'un quart de siècle) renforcent les distances entre les citoyens et leurs polices... surtout qu'en cas d'abus voire de "bavure", leurs membres sont encore jugés par une justice militaire qui est à la justice que la musique militaire est à la musique (pour reprendre le mot de Clemenceau)

Avant-hier (cela durera-t-il?) les manifestations de Belém, il est vrai paisibles, auraient donné lieu à des scènes qui frôlaient la fraternisation entre les foules et la police. Ailleurs, les balles en caoutchouc pleuvaient, de même que les tirs tendus de grenades. Il est important de savoir que le pouvoir fédéral de Dilma n'a aucune prise sur ce paramètre... Même si on l'en tient souvent pour responsable.

greve4_260310_Clayton_de_Souza_AE_cortadaLe professeur Clayton de Souza, manifestant (SP), porte secours à un policier blessé.

benjamin borghésio

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CaptureSelon Datafohla, institut en général respecté

Qui manifeste ? Un peu plus de la moitié des participants, 53%, a moins de 25 ans et 77% d'entre eux participent pour la première fois à la vague de protestations entamées la semaine dernière. 

"Les classes les plus pauvres ne sont pas les plus déçues car elles bénéficient en premier lieu des programmes sociaux. Il ne s'agit pas non plus des personnes les plus riches : il n'y a jamais eu autant de millionnaires au Brésil. Ceux qui sont dans la rue, c'est une partie de la classe moyenne qui se sent prise entre ces deux groupes."   [commentaire: jeunes désormais de la classe moyenne, ils sont pour lessentiel issus de familles pauvres ou très pauvres]

"Les changements au Brésil ces dernières années ont profité aux plus pauvres.  La classe moyenne, elle, s'est trouvée progressivement dépourvue de moyens. L'alimentation a connu une hausse des prix très nette, tout comme les services. Idem pour l'immobilier, que ce soit à l'achat ou à la location. Les investissements réalisés dans les favelas ont fait augmenter les prix. D'ailleurs, dans ces quartiers, on ne trouve pas forcément que des pauvres, on trouve aussi des membres de la classe moyenne. Et ce sont en majorité ces derniers qui sont descendus dans la rue". (Claudia Damasceno, historienne et urbaniste).

Le sondage de l'institut Datafolha montre que 84% d'entre eux n'ont aucune préférence pour un parti politique. 77% sont diplômés de l'enseignement supérieur et 22% sont actuellement étudiants. "C'est un mouvement hétérogène, il y a aussi des gens qui pensent que le pouvoir n'a pas mené de réformes assez profondes"

Que veulent-ils ? Parmi les raisons avancées pour cette mobilisation, la principale a été l'augmentation du prix des transports publics (56%). A Sao Paulo, la hausse a été de 7%, de 1,04 à 1,11 euro, un prix élevé dans un pays où le salaire minimum est de 678 réals (environ 315 dollars ou 230 euros).
En outre, 40% des participants ont déclaré manifester contre la corruption tandis que 31% l'ont fait contre la violence et la répression policière (des premières manifestations) et 24% contre les hommes politiques.

"Ils demandent des réformes plus profondes sur l'éducation, la santé, et dénoncent la corruption. Certains en ont assez de leur personnel politique, accusé de détourner des fonds pour le Mondial plutôt que de les investir dans des programmes sociaux"

Pourquoi maintenant ? "Le Brésil est en plein feu médiatique avec la Coupe des Confédérations, considérée comme la répétition de la Coupe du monde. Il y a une frustration importante pour une partie de la population, qui a placé beaucoup d'espoirs dans la croissance et qui a peur que le cercle vertueux s'arrête"

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Commentaires
A
Très intéressantes informations. Croyez-vous que cette si valeureuse présidente puisse reconquérir la confiance populaire ? Comment ?
F
Et pendant ce temps là en France les Shadocks pompaient, et la "manif pour tous" battait son plein... youpi ! La France quel beau pays... Il n'y a que moi qui trouve que l'on vit actuellement dans un pays complètement en décalage avec le reste du monde ? O_o
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  • Républicain, tendance "gauche jacobine". Préoccupé par les questions socio-économiques, de même que par les questions d'environnement . Amoureux du Brésil et de la Guyane. Photographe, grand lecteur, fondu de vélo.
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