Nous avons été nombreux à le dire, les événements nous confortent...
Et pourtant nous aurions aimé avoir tort, car jouer la politique du pire n'est jamais une solution civique.
L'austérité à marche forcée n'est pas, n'a jamais été la solution.
L'année 2013 est suffisamment avancée pour que l'on constate les effets de la politique orthodoxe dictée à Hollande par Merkel et Bruxelles. Et les résultats sont éloquents. Le pouvoir "socialiste" a choisi le matraquage fiscal en direction des ménages, sans épargner les plus défavorisés: le SMIC n'est pas revalorisé, pas davantage que le RSA. Il ne le sera pas (déclaration de Hollande sur M6)
Ce qui vaut pour les ménages vaut pour les entreprises. Hollande (dont l'ennemi principal était la finance) a commencé par une hausse de la fiscalité sur ces dernières, compensée ensuite par une panacée (si on en croit le rapport pondu par un Gallois qu'on a connu mieux inspiré).
Le "Crédit impôt recherche" dont le montant s'élève à 20 milliards d'euros, qui se révèle une telle usine à gaz que les Très Petites Entreprises (TPE) comme les PME seront dans l'incapacité de l'utiliser tant la complexité du dispositif est dissuasive: quand on a dix salariés, on ne peut pas en embaucher un supplémentaire dont la seule tâche sera de procéder à l'optimisation fiscale. De ce fait les géants du CAC 40 qui payent en moyenne 8% d'impôts sur leurs bénéfices disposeront d'un outil supplémentaire qui réduira davantage leur contribution, quand les PME et TPE qui en sont à 33% verront leurs charges davantage alourdies - et tant pis si, en période de chômage qui explose et alors que sont elles qui créent 90% des emplois, elles réduiront la voilure.
Effort temporaire pour réduire les déficits disaient-ils... Sauf qu'en période de crise, ceux qui savent que leur emploi est perdu ou très menacé, quasiment majoritaires, dans un tel climat d'insécurité sociale et qui voient en plus leur pouvoir d'achat baisser** "n'ont pas le moral", et les conséquences sont implacables:
On consomme moins parce qu'on ne peut plus le faire ou parce qu'on n'ose plus (épargne de précaution)
** (l'INSEE vient enfin de l'avouer, ajoutant - ce qui est évident - que plus les revenus sont faibles et plus leurs bénéficiaires sont touchés par cette baisse)
Quand en outre un pouvoir fait cyniquement le contraire de ce qu'il avait promis, on ajoute l'insécurité politique: "jusqu'où oseront-ils aller dans le reniement, dans la remise en cause non pas même des 'avantages acquis' mais de situations parfaitement normales?"
Comme l'incompétence et/ou le cynisme de la plupart de nos grands industriels conduit à ce que la France a perdu ses parts de marché à l'exportation, comme le dogmatisme de la BCE nous prive de l'arme de la dévaluation compétitive, les productions sont en chute libre et les recettes fiscales liées à ces dernières également.
Ce n'est pas quand on est gravement anémié qu'on va donner son sang. De même, une économie exsangue qu'on matraque produit forcément moins de recettes fiscales... Jugeons sur pièces avec ce communiqué de Bercy en langage délicieusement technocratique.
La première source de recettes de l'Etat est la TVA (presque la moitié du budget). Sur les quatre premiers mois de l'année, la baisse est de 2.3% (faute à la consommation en berne)
Une autre source de recettes majeure: la TIPP (fiscalité sur les carburants et le fioul) : chute de 6%. Là encore, on diminue sérieusement les trajets, on les réduit au minimum.
L'impôt sur les sociétés massivement augmenté ne rapporte pourtant que 1.5% de plus contre 8% espérés.
D'autres recettes fiscales baissent de 9.8%, à 5.6 milliards d'euros contre 6.2 milliards pour la même période en 2012.
Une "bonne nouvelle": l'impôt sur le revenu a rapporté 22.5 milliards contre 20.3 l'an dernier. Ce n'est pas forcément scandaleux, car c'est l'impôt le plus "juste "(puisque progressif) et en outre la moitié des contribuables les plus défavorisés ne le paient pas. Seulement comme près de 800.000 personnes qui étaient "sur la crête" deviennent imposables, pour elles il y a des inustices liées car passer au statut d'imposable retire de nombreux avantages connexes (redevance TV dans certains cas, taux de CSG, etc.): pour certains ménages modestes, la ponction supplémentaire (surtout s'ils faisaient des heures supplémentaires) dépassera 3.000 euros (un mois de ressources!) quand les plus favorisés ne seront majorés que de 2 à 3%.
Les majorations diverses avaient pour intention de réduire le déficit de l'Etat. On en rirait si ce n'était dramatique, mais au 30 avril, il était de 66.8 milliards d'euros contre 59.9 milliards fin avril 2012, alors même que des ponctions sévères sur les dépenses de fonctionnement, appliquées aveuglément, mettent en danger le service public dans de nombreux secteurs. Moins de patrouilles de police faute d'essence à mettre dans les voitures, moins d'expertises judiciaires, procès renvoyés sine die faute d'argent pour envoyer des convocations et payer les jurés, hôpitaux "au taquet", etc. Passons sur des "détails" tels que l'entretien des digues renvoyé aux calendes grecques, sur les fouilles archéologiques préventives effectuées par le moins disant et plus par le plus compétent (ce moins disant étant le plus souvent un faux-nez du groupe qui construira après sur le site et qui, évidemment, n'a aucun intérêt à ce que cela dure ou même à ce qu'on découvre quelque chose) et vous avez une idée de la situation.
On n'en est plus à la mauvaise graisse, on n'en est plus à la viande, on s'attaque à l'os.
Passons pudiquement sur le fait que l'austérité s'ajoutant à l'austérité, le chômage explose (donc les comptes de l'UNEDIC sont à l'écarlate), et l'assurance maladie voit son déficit aggravé faute de cotisations.
Et terminons en rappelant que ce n'est pas fini: bientôt, la forte hausse de la TVA que le candidat Hollande stigmatisait avant que le Président Hollande ne l'applique cyniquement sont actés, et vont bientôt entrer en vigueur.
benjamin borghésio
(Données signalées par le Canard enchaîné, vérifiées sur la presse économique)