Tragédie au Brésil... Un pays où plus qu'ailleurs, il faut faire très attention dans les lieux publics.
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Hommage aux victimes rendu par le Centre de traditions Gaucho
Une fête estudiantine du samedi soir dans une discothèque du sud du Brésil a tourné à la tragédie après un incendie qui a piégé une foule de jeunes et fait 233 morts et 116 blessés, selon un dernier bilan des autorités. "La priorité numéro un du gouvernement est de chercher à sauver des vies, celles que nous pouvons encore sauver", a déclaré dimanche soir le ministre de la Santé Alexandre Padilha, lors d'une conférence de presse à Santa Maria.
La plupart des blessés souffrent d'intoxications respiratoires à divers degrés. Parmi eux, 92 ont été hospitalisés à Santa Maria et 14 grands brûlés à Porto Alegre, a-t-il précisé.
Panique, bousculade dans une fumée noire toxique, jeunes gens se piétinant pour sortir de la discothèque dont les portes de secours étaient verrouillées : les survivants ont décrit un "film de terreur". "Une fille est morte dans mes bras. J'ai senti son coeur arrêter de battre. Je n'avais vu cela qu'au cinéma", a témoigné un jeune dentiste, Matheus Bortolotto.
Le Brésil tout entier était sous le choc dimanche soir, alors qu'au centre sportif de Santa Maria, des familles éplorées identifiaient peu à peu les corps de leurs proches. "Ils ont tué mon fils, ils ont tué mon fils", crie avant de s'évanouir la mère de l'un d'entre eux. Beaucoup s'enlacent et pleurent. L'angoisse fait place au désespoir.
La présidente Dilma Roussef a interrompu un voyage au Chili où elle participait à un sommet Amérique latine/Union européenne pour se rendre à Santa Maria. Les autorités ont aussi annulé une cérémonie officielle prévue lundi au stade de Brasília pour marquer le compte à rebours à 500 jours du coup d'envoi du Mondial 2014. Le Comité olympique brésilien (COB) a déploré "profondément la tragédie de Santa Maria" et présenté ses "plus sincères condoléances aux victimes et meilleurs voeux de rétablissement aux blessés". Le Brésil, qui va accueillir le Mondial de football 2014 et les Jeux olympiques à Rio en 2016, les deux plus grands événements sportifs au monde, est actuellement sous la loupe des instances sportives internationales.
L'incendie de la discothèque de Santa Maria a été provoqué par un feu de Bengale allumé par le chanteur d'un groupe qui se produisait dans la discothèque Kiss. La fumée s'est rapidement propagée, transformant l'établissement en piège mortel, jonché de personnes asphyxiées, jusque dans les toilettes où certains avaient tenté de se réfugier. "Les barrières métalliques utilisées pour organiser les files d'attente (à l'unique entrée et sortie de la discothèque, NDLR) ont bloqué l'évacuation. Les gens s'entrechoquaient, tombaient. J'ai aidé à enlever les barrières. Les pompiers aussi s'intoxiquaient avec la fumée", a témoigné Matheus Bortolotto. "On a réussi à sortir quelques personnes, mais beaucoup n'ont pas résisté", a déclaré un gardien de sécurité du Kiss, identifié comme Rodrigo par le site d'informations G1. "Certains avaient 80 % du corps brûlé. Un de nos collègues y est resté. Un vrai film de terreur", a-t-il ajouté.
Mais, selon le chef des pompiers, Guido de Melo, la sécurité de l'établissement, inconsciente de la gravité de la situation, a dans un premier temps "bloqué la sortie des clients" pour s'assurer qu'ils payaient leurs consommations. "C'est cela qui a causé un grand mouvement de panique", a-t-il souligné. Un commissaire de police participant à l'enquête, Sandro Meinerz, a décrit à la radio CBN "une scène de guerre, effrayante, de calamité publique : il y avait des corps partout amoncelés, noirs de fumée".
L'incendie a commencé vers 2 h 30 du matin et n'a été contrôlé que vers 7 heures. Avant l'arrivée des pompiers, des habitants armés de gros marteaux ont tenté de casser les murs de la discothèque pour essayer d'aider les jeunes à sortir.
La licence autorisant le fonctionnement de la discothèque était périmée depuis le mois d'août, selon les pompiers.
Source AFP
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Je suis prêt à parier que d'ici quelques jours, on apprendra que des pattes ont été graissées pour pallier le défaut de licence. Dans ce cas le drame est tel que des sanctions exemplaires seront prises (déjà, le gérant de la discothèque est arrêté) mais chaque jour de sérieux manquements à la sécurité la plus élémentaire sont constatés. Il faut savoir que le Brésil est une fédération, que chacun des états a ses propres prérogatives en matière de sécurité publique et que la situation n'est brillante nulle part et catastrophique sur la plus grande partie du territoire. Si les normes théoriques sont relativement adéquates, l'insouciance très latine associée à l'esprit de lucre génère des situations hallucinantes: il est rare que des portes coupe-feu soient posées, et encore plus rare que quand elles existent, on ne les bloque pas en position "ouverte" pour faciliter le service. Innombrables sont les écoles sans issues de secours, aux installations électriques non conformes et aux escaliers dangereux. Même les hôpitaux sont des lieux à haut risque!
Pour ma part, au Brésil, je ne pénètre jamais dans un lieu public sans m'assurer de la localisation des issues de secours et je reste à côté de ces dernières. A Belém, suite à un violent mouvement de foule dans une boate, je ne m'en suis sorti qu'en plongeant dans le fleuve adjacent et je ne peux que constater le défaut d'issues de secours dans les trois principaux centres commerciaux, où en plus la "praça da alimentação" (ensemble de restaurants qui génère le plus de foule) est située au dernier étage.
Espérons que ce drame aidera à la prise de conscience, que d'une part on établira des normes strictes, d'autre part on veillera à les faire respecter. Aujourd'hui cet immense pays pleure mais l'amnésie survient si vite... Sans doute que les Jeux programmés pour 2014 aideront à la mise à niveau.
benjamin borghésio